1. Rhapsody in blue - Fin


    Datte: 17/10/2020, Catégories: fh, nonéro, regrets, Auteur: Lilas, Source: Revebebe

    ... nul doute, nos pas ressemblent fortement à la danse de « deux pas en avant, trois pas en arrière ». Ils ne nous rapprocheront pas, ne nous mèneront nulle part ensemble, et seront plus aseptiques que tous les moments antérieurs passés entre nous. Nous nous sommes conduits volontairement du début à la fin au début.
    
    Si nous avions été dans un système dialectique, notre troisième étape passée ensemble nous aurait dirigés vers une unité, une synthèse, bref, elle nous aurait réunis ; mais toutes sortes de raisons nous en ont empêchés, le décalage qu’il y a en moi, ce fuseau horaire, cette bulle inconnue où mon moi nage parfois, ce vide, sera toujours entre nous. Ou du moins, nous sépare pour l’instant. La dialectique est impossible, car une équation multiple s’est glissée dans le raisonnement, un facteur inopportun aux données totalement imprévisibles.
    
    J’aurais peut-être voulu un tempo, un rythme – basé sur notre rythme cardiaque qui sait ? Mais il n’y a pas de tempo régulier dans notre relation, pas d’harmonie dans notre danse, pas de réunion dialectique dans le système ; bref, le concerto s’arrête là.
    
    Je n’ai rien à t’offrir, et toi, tu ne veux rien recevoir.
    
    Après le corps, après l’esprit, il n’y aura pas le cœur, pour l’un comme pour l’autre. Un corps ça se prête, un esprit ça se partage, mais un cœur, ça se garde.
    
    Au fin fond du fond. Dans la bulle d’air ?
    
    La nuit est déjà bien avancée quand nous songeons à rentrer. En bas de ton immeuble, nous nous ...
    ... arrêtons pour converser, puis tu invites Lisa à monter. Elle accepte, et nous prenons un dernier verre dans ton appartement. Je tombe de sommeil.
    
    Il est presque une heure du matin lorsque Lisa prend congé. Elle me serre dans ses bras avec un sourire ému, et je lui dis adieu sans ressentir de peine.
    
    Une fois seuls, nous nous fixons droit dans les yeux un long moment, avachis dans des fauteuils qui se font face.
    
    – Tout à l’heure, tu as dit que le temps ne nous appartient pas, murmures-tu soudain. Que voulais-tu dire ?
    
    Mes yeux restent dans les tiens. Je me rends compte que je souris d’une manière assez bizarre.
    
    – Tu ne veux pas répondre ? insistes-tu.
    
    – Je ne pensais pas que je devrais expliquer ça, dis-je. C’est dommage que tu ne comprennes pas.
    
    Silence…
    
    – Tu sais, ce que nous avons vécu cette semaine… reprends-tu lentement. Je… enfin, ce n’est pas la réalité.
    
    – Ah oui ? Moi je crois que ce qu’on vit tous les deux est parfaitement réel.
    
    – Il ne faut pas que tu croies ça, je ne veux pas que tu souffres, Eva.
    
    – Tiens donc ? fais-je après une pause. Mais la vie, c’est réel, Michael. Il n’y a que dans ta tête que certaines choses n’existent pas.
    
    – Ce n’est pas ce que je voulais dire. Écoute…
    
    – Laisse-moi tranquille, je suis fatiguée, Michael. Vraiment fatiguée.
    
    Je me lève et vais me déshabiller dans la salle de bain. Plus tard, une fois couchés, tu me serres dans tes bras, mais je te repousse, doucement.
    
    – Je suis fatiguée, répété-je. Tu n’as ...
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