Rhapsody in blue - Fin
Datte: 17/10/2020,
Catégories:
fh,
nonéro,
regrets,
Auteur: Lilas, Source: Revebebe
... de monnaie. Mais se donner entièrement, recevoir entièrement, sont des concepts abstraits. Sommes-nous réellement capables de tout donner de soi, alors que nous sommes exclus d’une partie de ce que nous sommes, alors que nous ne comprenons pas tout ce que nous sommes ? Alors que nous tombons dans l’ignorance de nous-mêmes dès que nous nous sentons dépassés, dès que nous commettons des actes qui nous surprennent ?
Peut-être est-il concrètement impossible de se donner en totalité, puisque nous ne saisissons pas ce « moi » en totalité. De la même manière que nous ne connaissons jamais à fond les personnes qui partagent notre vie, nous ne nous connaissons jamais par cœur, et surtout jamais jusqu’au fond.
Le fond est lui aussi un concept, une chose abstraite qui semble absurde et inaccessible. Et pourquoi ça ? Parce qu’il y a des trous. Des béances. Des vides. Des bulles d’air. Des endroits (mouvants !) qui ne sont ni espace ni temps, où notremoi trouve refuge et que nous sommes incapables, raisonnablement, de débusquer. Là où la vie se fait pure pensée, pure humanité, pure créativité. Le secret de tout homme. Mon secret. Le décalage que je ressens, maintenant, mais que je ne peux ni expliquer, ni résoudre. Celui qui fait que je suis une inconnue pour tout le monde, y compris pour moi-même. Celui qui fait que nous sommes tous des inconnus pour tous.
Je ne sais pas si jesuis étrangère à moi-même, ou si je mesens étrangère à moi-même – or, la différence est ...
... énorme.
Tout ce que je sais, c’est que je ne suis plus la même, et que je ne m’en étais même pas aperçue, jusqu’à ce que je fasse ce voyage à Genève.
Quoi qu’il arrive, cette semaine passée avec toi sera marquée par une totale absence de continuité entre nous deux. Je pourrais presque la réduire à trois étapes, tant j’ai remarqué des sortes de ruptures dans notre relation. C’était une danse à pas sautés, que nous avons accomplie sans même nous en rendre compte. Ces pas ne sont ni mesurés ni guidés ; leur mouvement est aléatoire, voire totalement stupide, mais enfin, je commence enfin à en dégager un minimum de sens.
Pendant les tout premiers jours, je me suis sentie parfaitement non-complice de toi. Mon corps participait à des étreintes qui n’étaient pas les miennes, à une intimité que je ne ressentais pas, ni dans le cœur, ni dans la tête. Puis quand j’ai fini par accepter le désir physique qui me pousse vers toi, et que j’ai gardé en moi durant trois ans, presque comme une énergie résiduelle, nos conversations ont commencé, au début sans but particulier, puis ensuite dans la même optique : communiquer. S’expliquer. Se comprendre.
Mais nous n’avons pas réussi à nous rapprocher. Bien au contraire. Nous nous sommes désirés, nous nous sommes effleurés, nous nous sommes touchés, et nous nous sommes expliqués ; on aurait pu s’attendre à ce que je ressente enfin un sentiment pour toi. Mais non. Je n’éprouve rien, et même, j’éprouve de moins en moins, d’une manière générale.
Sans ...