Solstice d'un fleuve - Histoires de Sexe

Solstice d'un fleuve

... l’ultime étage de son immeuble et celui de son désir, j’ai eu envie de toi à l’instant même où je t’ai vue, toute seule dans la maison du Mesnil-en-Vallée. Je ne sais pas pourquoi, mais j’étais certaine que tu finirais par venir jusqu’à moi de ta propre initiative, alors je t’ai attendue. Et puis… je t’ai vue à l’œuvre, devant la caméra. C’était la première fois que tu faisais ça, n’est-ce pas ? Tu avais l’air perdue.
— Je ne peux rien te cacher. Tu sembles tout savoir de moi.
— Tu as froid ? Si tu veux, on peut redescendre à l’appartement et se glisser dans mon lit, comme des amantes classiques. Mais je ne crois pas que tu sois une amante classique.

En disant cela, elle défait un second bouton et glisse doucement une main sous mon soutien-gorge, sans cesser de soutenir mon regard.

— Quelquefois, en été, je monte ici pour dormir à la belle étoile. Ici, le spectacle de la nuit est magnifique, des lumières de la ville aux étoiles qui s’allument une à une. Ça te dit de rester là avec moi, ce soir, même si le sol est un peu dur ? De toute façon, je te garde avec moi : tu as trop bu de mon vin d’Anjou pour repartir sur ta moto.
— Tu sais bien que je ne suis pas attachée à mon confort, dis-je avant d’embrasser avec gourmandise, un à un, ses deux jolis tétons aux larges aréoles qu’elle présente à portée de ma bouche. D’ailleurs, telle que je te connais, tu serais capable de me faire boucler en cellule pour conduite en état d’alcoolémie, avant même le premier tour de ...

... roue. Et puis, tu sens bon. Mais avant les câlins, parle-moi de Nolwenn.

Elle s’installe un peu plus confortablement afin de continuer à me peloter tout en évoquant le parcours de celle que j’aime.

— Tu la connais sous le nom de Nolwenn Leroy, mais c’est un nom qu’elle s’est inventé avec de faux papiers d’identité. Elle voulait passer inaperçue, mais elle ne pouvait pas savoir, à l’époque, que quelqu’un d’autre deviendrait célèbre sous ce pseudonyme. En réalité, elle s’appelle Tiffany Paul. Elle est orpheline depuis l’âge de quatre ans : ses parents sont morts dans des circonstances peu claires. Elle a été ballottée durant son enfance entre foyers et familles d’accueil. Dès ses douze ans, elle a commencé à faire des bêtises qui sont allées crescendo, ce qui lui a valu de nombreux passages au tribunal pour mineurs, jusqu’à se trouver à ta tête d’un gang de filles assez redoutable : elles détroussaient les gens. Mais à dix-huit ans, il semble qu’elle ait compris que poursuivre sur cette voie la mènerait inévitablement à connaître la geôle et à y rester durablement : elle s’est installée en couple avec toi dans une petite maison près d’Angers, qui s’est avérée être aussi celle des vacances de mon enfance. Pendant six ans, elle s’est contentée entretenir discrètement son réseau, avec quelques trafics ici et là, mais sans prendre de risques. Je ne crois pas que tu ne tu sois rendue compte de quoi que ce soit. D’après les gens qui la connaissent, elle a un talent qu’on peut ...