1. Les moches sont les pires des salopes


    Datte: 11/10/2020, Catégories: fh, couleurs, complexe, laid(e)s, ffontaine, Auteur: Laure Topigne, Source: Revebebe

    ... l’occasion est trop belle : il serait regrettable que tu brides la démonstration. Au fur et à mesure de nos victoires respectives, je propose que chacun fasse un compte rendu sincère de ses succès, sans mensonge ni forfanterie, via Internet ; les photos ne seront pas proscrites.
    
    Pour calmer l’énergumène, je bredouillai un vague acquiescement tout en me promettant de n’en rien faire et de rompre rapidement cette relation qui, au fil du temps, m’était devenue désagréable. J’espérais surtout que la malheureuse aurait suffisamment de caractère pour contrarier ses projets. Et c’est ce qui advint car le vendredi suivant j’obtins le message suivant :
    
    Je fus enchanté par ce rapport tout en m’étonnant qu’André sache aussi sincèrement reconnaître son piteux échec. Huit jours plus tard, Yves fut rectifié de la même manière. Il nous avoua, lui, avoir demandé la permission de s’installer à sa table alors que de nombreuses autres demeuraient inoccupées, puis de s’être employé à quelques éloges qui l’avaient laissée muette avant d’avoir cherché le contact de son genou. Elle s’était raidie et avait retiré sa jambe en le toisant d’un air sinistre. Il lui avait enfin fait compliment de sa bague, une grosse horreur pur toc, et des doigts qui la portaient.
    
    — Jeune homme, si vous ne voulez pas sentir l’effet de ces doigts sur votre joue, cessez de m’importuner.
    — Mais je ne visais qu’à vous être agréable.
    — Si vous souhaitez vraiment m’être agréable, prenez votre pitance et ...
    ... installez-vous deux tables plus loin sans autrement m’adresser la parole.
    
    Il concluait en me souhaitant bonne chance et me plaignant, car bien que profitant de leurs expériences, si la donzelle avait repéré notre manège, ma position serait spécialement difficile.
    
    —ooOoo—
    
    Je n’avais, pour ma part, franchement nulle intention de me prêter à ce jeu et réfléchissais déjà au motif que j’inventerais pour expliquer comment elle m’avait éconduit. Le vendredi suivant, jour supposé de mon challenge, la matinée s’engagea sous les pires auspices par une réunion qui menaçait de s’éterniser jusqu’au début de l’après-midi au moins, et soudain tout s’accéléra si bien que je fus libéré dès onze heures. Ravi d’échapper à une ambiance étouffante, je m’enfuis le plus rapidement possible de mon bureau pour entamer un week-end salvateur. Je ne sais quelle fâcheuse curiosité me conduisit dans notre brasserie favorite encore vide à cette heure. J’hésitai à usurper sa table et finis par m’établir à celle qui y faisait face, d’où je serai idéalement situé pour l’observer.
    
    Midi sonna, puis, lentement, la grande aiguille de l’horloge se traîna inéluctablement vers le quart avant de s’affaisser vers la demie, me faisant bouillir d’une impatience dépourvue d’objet. Je me dis qu’échaudée par mes deux comparses, elle préférait ne pas revenir, et cette pensée me causa un absurde soulagement. Je commandai un sommaire repas pour modérer l’effet de mes deux doubles scotchs.
    
    À douze heures quarante, je ...
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