Les moches sont les pires des salopes
Datte: 11/10/2020,
Catégories:
fh,
couleurs,
complexe,
laid(e)s,
ffontaine,
Auteur: Laure Topigne, Source: Revebebe
... sanctuaire que constituait le slip de l’autre. Je ne sus si j’étais plus émoustillé par cette accession à son intimité ou par l’impudeur de son attitude qui défiait toutes les idées que je me faisais à son sujet. Elle était divinement maladroite mais se consacrait à sa tâche avec pugnacité et des audaces charmantes d’écolière pataude. Ma raideur, contenue néanmoins dans les limites de mon pantalon, procédait bien davantage de cette candeur et de la situation que de ses attouchements. Je lui jetai de brefs coups d’œil pour la découvrir affalée dans son fauteuil, secouée par un muet halètement, se crispant au rythme des déferlantes de la sonate. J’activai toutes les habiletés d’un, puis de deux doigts, les égayant à l’orée de son temple. Les cuivres des grandes timbales explosèrent opportunément pour étouffer son sanglot sonore qui s’escorta du jaillissement abondant et puissant d’une dive liqueur qui n’était pas que seule cyprine. Jamais l’Allegro non troppo du dernier mouvement ne fut si passionnément ovationné.
Encore ravagée par ses émois, elle retira d’abord sa main – qui n’avait heureusement pas achevé son ouvrage – de ma braguette pour ressaisir la mienne, la ramener à sa bouche tout en me murmurant : « J’adore Bartók et veux profiter de ses envoûtements jusqu’à la dernière goutte. » Elle s’appliqua enfin avec un air coquin à lécher tour à tour chacun de mes doigts. Les pianos résonnaient de leur dialogue forcené que perçait, par instants, le rire argenté du ...
... xylophone. S’il y a cent façons d’écouter une musique, il en est moins de se laisser masturber ; ce soir, j’avais découvert la masturbation musicale qui m’avait fait goûter l’œuvre de Bartók de façon inoubliable.
Nos voisins, l’air courroucé, se hâtèrent de sortir et nous fûmes parmi les derniers à quitter la salle. Je ne sus si c’était parce qu’il lui fallait se recomposer ou si elle voulait échapper au triste personnage croisé à l’entracte. Je lui proposai, sans oser croire à une réponse favorable, de la ramener chez moi ou chez elle. Elle me sourit tendrement et répondit :
— Ne tente pas de forcer mon bonheur. Allons simplement déguster un verre dans l’un des bistrots du coin.
Nous rejoignîmes l’un d’eux si nombreux à l’entour où nous nous accoudâmes au zinc. Dénuée de toute vergogne elle avoua :
— J’espère que personne n’occupera ma place durant les quarante-huit prochaines heures, sans quoi il pataugera dans une mare bien inaccoutumée dans une salle de concert. Palpe ma robe, elle est détrempée. Sais-tu que, pour mon enchantement, c’est toi qui me révèles ces dispositions de fontaine, et je suis contente de t’avoir accueilli à l’inauguration des grandes eaux.
Quand elle se laissait aller à de telles facéties, tout son visage se transformait en celui d’une petite fille espiègle, fière de ses malices. Je ne sais si les traces de sa couperose disparaissaient, mais à mon regard il en allait ainsi. J’éprouvai un irrésistible besoin de la serrer dans mes bras où elle se ...