1. The Mabuse Company


    Datte: 10/10/2020, Catégories: nonéro, policier, sf, revebebe, Auteur: Gufti Shank, Source: Revebebe

    ... trouvé refuge au milieu de ce bric-à-brac.
    
    Je me remis à secouer le décor. Il tremblota encore mais ne s’ouvrit pas.
    
    — Un fugitif ? Mais pourquoi viendrait-il se cacher ici ?
    — Je n’en sais rien. Mais il y est. C’est sûr. Y a-t-il d’autres issues à cette pièce ?
    — Non.
    — Vous en êtes sûr ?
    — À quatre-vingt-quinze pour cent.
    
    Je secouai plus fort. Ça y était presque. Mais je faisais du bruit ; j’avais peur qu’on ne m’entende.
    
    — Et les cinq pour cent qui restent ?
    — Je n’ai jamais vu cette salle vide, je ne saurais affirmer qu’il n’y a pas un trou dans un mur qui mènerait à la salle voisine ou toute autre chose de ce genre…
    — Mouais. Bon. Autre chose, je dois chercher Fritz là-dedans.
    — Nous avons plusieurs statues de Fritz Lang dans cette salle ; trois pour être précis, laquelle voulez-vous voir ?
    
    Ah, merde ! Et si je m’étais complètement gouré ?
    
    — Emmenez-moi aux trois. Mais fermez la porte à clef, avant.
    — C’est impossible, inspecteur ; tout est commandé électroniquement par notre secrétaire-robot.
    — Bon, alors, aidez-moi, il faut l’empêcher de sortir, nous allons pousser cette espèce de truc-là devant la porte.
    — C’est une voiture volante.
    — Je m’en fous, Bing. Aidez-moi à la déplacer. Carmelo ? Aidez-nous aussi.
    
    J’entendis le son d’un objet lourd qu’on traîne sur quelques mètres. J’en profitai pour faire bouger de toutes mes forces le faux foyer devant moi, et une sorte de trappe s’ouvrit soudain ...
    ... dans un bruit sec. Je m’immobilisai et retins tout nouveau mouvement du décor.
    
    — Vous n’avez rien entendu ?
    
    Il y eut un court silence.
    
    — Vite, allons-y !
    
    Les hommes se mirent à courir. Je me glissai à l’intérieur du petit passage que j’avais découvert, me retrouvant derrière le décor, tout contre le mur de la salle. Il faisait très sombre, mais je pouvais apercevoir un trou dans le mur. Comme si on avait enlevé quelques moellons. J’avais peur, mais j’étais en même temps très excité.
    
    Je voulais fermer le passage que j’avais ouvert dans le fourneau, pour ne pas qu’on puisse me suivre, mais c’était ma seule source de lumière. Et je n’avais évidemment pas de lampe de poche, ni même de briquet sur moi. J’hésitai un instant. Les bruits de pas se rapprochaient. Tant pis, je n’y verrai rien, mais c’était ma seule chance de semer Forman. Je tirai de toutes mes forces le morceau du fourneau que j’avais ouvert précédemment. Il se referma dans un bruit sourd, m’isolant dans la plus complète obscurité. J’entendis hurler l’inspecteur :
    
    — Par ici ! Vous avez entendu, cette fois ! Vite !
    
    Je m’avançai dans le passage, passais doucement à quatre pattes sous les briques manquantes du mur, et tombai soudain en avant, les mains dans le vide, manquant de peu de dégringoler dans un trou dans le sol. En tâtonnant, je découvris le sommet d’une échelle. Je me retournai avec difficulté, puis m’y engageai, et descendis rapidement les barreaux. 
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