The Mabuse Company
Datte: 10/10/2020,
Catégories:
nonéro,
policier,
sf,
revebebe,
Auteur: Gufti Shank, Source: Revebebe
... répondit pas et m’entraîna par la porte numéro 1. Nous parvînmes dans un couloir éclairé. Je vis plusieurs lourdes portes métalliques de part et d’autre.
— Et vous ? Vous êtes Fritz ?
— Non, pas vraiment, ricana-t-il.
Il traversa en courant le couloir ; je le suivais tant bien que mal en essayant de comprendre où je me trouvais. Et je m’arrêtai soudain lorsque je vis, marqué au-dessus d’une porte :
M le maudit
Je regardai les autres portes ; elles étaient toutes surplombées d’un titre.
— Venez, vite !
— Attendez ! Qu’est-ce que ça veut dire ? dis-je en désignant le nom au-dessus de la porte.
— Vous avez compris, ne perdons pas de temps…
Je ne sais pas si j’avais compris, mais ce que je savais, c’était que « M le maudit » était le titre d’un film de Fritz Lang. Je me remis à courir, mais plus doucement, en prenant le temps de lire ce qui était marqué au-dessus de chaque porte : « La Femme sur la Lune », « Les Espions », « Les Nibelungen »…
— Mais enfin, où sommes-nous ? demandai-je.
— Allez ! Vous savez ce que vous devez faire, maintenant… me répondit-il en s’arrêtant devant une porte.
Je courus jusqu’à lui. Au-dessus de la porte qu’il m’indiquait était écrit :
Metropolis
Je l’observai un instant, droit dans les yeux. Il soutint mon regard mais ne broncha pas. J’allai poser une des mille questions qui me venaient à l’esprit, mais il me devança :
— Allez ! Et bonne chance !
— Mais…
— Vite, je risque ma carrière pour vous, si ce n’est ...
... plus !
Il ouvrit la porte et me poussa presque à l’intérieur, et, tandis qu’il la refermait derrière moi, je l’entendis crier :
— Et dépêchez-vous, il ne leur faudra pas longtemps pour trouver…
La porte claqua. Je me trouvai dans une immense salle, et ce que je découvris me donna presque des frissons. Tous les décors du film avaient été reconstitués dans cette pièce : j’avais l’impression d’évoluer au sein même de diverses scènes de « Metropolis », au milieu de personnages de cire dans des poses évocatrices d’un des grands moments du film. C’était donc sans doute une sorte de musée. Je m’avançai prudemment, observant partout.
La pièce était vraiment gigantesque, je n’en devinai qu’à peine le bout. Elle était partagée en plusieurs endroits par de hautes cloisons, qui ne laissaient qu’un petit passage vers la scène suivante. J’avais vu ce film il y a très longtemps, mais quelques images me revenaient en mémoire au fur et à mesure que je traversais les décors.
La surprise et la curiosité passées, je me mis à réfléchir : j’avais probablement maintenant atteint l’endroit que je cherchais, et si je me fiais aux paroles de Tilya, il me restait à y trouver « Fritz ». Sans doute devais-je chercher une statue de cire représentant Fritz Lang, le réalisateur du film…
Je me mis à courir, esquivant de justesse une statue ou renversant par endroits un petit objet ou un morceau de décor, à la recherche de Fritz. Mais je ne savais même pas ce que je devais chercher. Plusieurs ...