1. Le temps du pardon


    Datte: 08/10/2020, Catégories: amour, confession, nostalgie, regrets, Auteur: Jane Does, Source: Revebebe

    ... points que vous distribuez tels des bonbons ?
    — Si ça peut vous faire plaisir, voyez-le de cette façon !
    
    Avec tous ces sous-entendus, il avait pris congé de nous trois. Et les deux vieilles dames m’avaient alors bombardée de questions :
    
    — Racontez-nous, Charlotte ! Comment ça s’est passé cette fameuse soirée ?
    — Je vous trouve bien curieuses et hardies de me tourmenter pour ce que vous vouliez vous plus que quiconque. Soyez donc satisfaite, je n’ai pas vraiment souffert de cette… histoire.
    — Tant mieux. Et vous verrez que les autres qui ne manqueront pas de venir après ce premier seront toujours plus savoureux.
    — Je vois ! Vous parlez d’expérience sans doute.
    — … ?
    
    Sous la charge qu’elle venait de recevoir, Madame n’avait pas insisté. Comprenant mon désappointement elle n’avait pas surenchéri. Quant à Gertrude, elle ne se mouillerait pas, ne cherchant aucun affrontement avec moi. Elle gardait un sourire aux lèvres, comme si ce que je venais de subir lui rappelait des souvenirs. Elle aussi, tout comme Geneviève du reste, avait bien eu également une défloration en son temps. Et personne n’en mourait de faire l’amour, même si c’était dans mon cas, un peu téléguidé et commandé par notre bonne mère maquerelle.
    
    — xxxXXxxx —
    
    Pendant des années, d’autres lundis furent réservés, tout comme chaque jour de la semaine. Mais j’ai tenu à garder pour moi les dimanches, jour du Seigneur. Celui-ci s’est souvent trouvé partagé entre ceux pour qui mon cœur balançait. Le ...
    ... premier à avoir eu droit à mes faveurs dominicales avait pour prénom Paul. Il était peintre. Je lui devais bien ce petit sacrifice, cette entorse aux bonnes résolutions prises envers Geneviève. Et si elle le sut, elle n’en fit nulle remarque. Puis quantité d’autres se renouvelaient dans mes draps de soie, pour une heure parfois, ou pour des mois entiers.
    
    Aucun cependant n’eut le droit de vivre dans mon intimité plus que le temps d’une nuit. Pas question de loger un homme chez moi. Ensuite, de Montmartre, je suis passée au centre de Paris. J’ai toujours vécu avec la plus grande discrétion et personne ne m’a vraiment fait de mal. Si d’aventure l’un ou l’autre eut aimé s’attacher davantage à moi, je les ai tous éconduits toujours gentiment, ces doux passagers de mes nuits.
    
    J’ai revu Adèle une fois ! En 54, aux galeries Lafayette. Elle traînait un trio de garçons turbulents derrière ses jupons. Je n’ai jamais su si elle m’avait reconnue. J’ai vu de loin cette femme accomplie qui faisait son shopping dans le rayon enfants du grand magasin. Elle avait l’air heureuse et un petit pincement au cœur m’avait alors assailli. Moi, des marmots, je n’en avais, n’en aurais sans doute jamais. Geneviève et Gertrude étaient parties vers « un monde meilleur » à quatre mois d’intervalle, emportées par une méchante grippe.
    
    J’ai donné beaucoup d’amour à tellement d’hommes et pas un seul n’a traversé mon ciel plus loin que celui de mon lit. Parfois, en souriant je repense à ces années et je me ...
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