1. Premier chapitre


    Datte: 21/09/2020, Catégories: uniforme, revede, portrait, historiqu, Auteur: Sarah, Source: Revebebe

    ... madame… ?
    — Donovan, Lindsay Donovan. Un martini, merci.
    — Johnny, un martini ! commanda-t-il en se rasseyant.
    
    Puis, les circonstances de leur rencontre lui revinrent en mémoire et il se retourna vers elle.
    
    — Je vous avoue que je suis un peu surpris de vous trouver ici, ce soir.
    — Je ne suis pourtant pas la seule femme présente dans cette assemblée, répondit-elle en regardant autour d’elle.
    — Je le sais bien, mais celles qui sont ici ont eu besoin de laisser passer plus de temps après l’épreuve qu’elles ont traversée.
    — Vous voudriez que je m’enferme chez moi et que je broie du noir, seule ? Je venais déjà avant… avant de perdre mon fils. J’accompagnais ma mère, une veuve de guerre. Quand elle est décédée, je pensais en avoir fini avec ces réunions. Puis, une nouvelle guerre est arrivée et mes fils sont partis eux aussi.
    — Vous avez d’autres enfants au front ? s’inquiéta Gary.
    — Mon fils aîné est basé en Écosse.
    
    Elle prit son verre et en avala le contenu. Gary savait que les soldats basés en Europe du Nord subissaient les attaques des Allemands, soit par sous-marin depuis les côtes de l’empire nazi, soit en avion depuis le territoire norvégien, annexé au début du conflit. Il ne pouvait s’empêcher de la contempler. Ses longs cheveux avaient perdu de leur éclat, mais ils étaient encore blonds. Le bleu ciel de ses yeux était accentué par les marques laissées par le passage du temps. Pas de maquillage sur son visage, preuve de sa force. Elle encaissait les coups ...
    ... durs et ne les cachait pas. Pas pour qu’on la plaigne, non, simplement parce que son éducation ne lui permettait pas d’être faible. Elle ne méprisait pas les autres femmes, elle ne faisait simplement pas partie de leur vie.
    
    — Et vous capitaine, une famille ? Une vie en dehors de l’armée ? demanda Lindsay.
    — Pas de femme, pas d’enfant, répondit Gary en se resservant un verre. Un autre martini ? proposa-t-il.
    — Merci. C’est un choix de ne pas avoir fondé de foyer ? insista-t-elle.
    — Au début, non. Je me suis engagé jeune, j’ai participé à la Grande Guerre et à mon retour, il me manquait un bras et beaucoup d’autres choses. Des choses que rien ni personne ne peuvent vous rendre, ni remplacer. J’ai perdu ma jeunesse et l’insouciance et la naïveté qui vont avec. J’ai découvert les horreurs que seuls les êtres humains sont capables de faire. Je ne crois plus en l’homme foncièrement bon.
    
    Gary s’interrompit, surpris par son discours. Seul George avait eu droit à cette confession. Même pour son meilleur ami, il lui avait fallu plusieurs années avant d’alléger son cœur et de se confier. Une soirée avait suffi à cette inconnue pour lui faire décrire son mal-être enfoui en lui.
    
    — Et ensuite ?
    — Ensuite quoi ?
    — Vous disiez que vous étiez célibataire par obligation au début. Et ensuite, précisa-t-elle. Vous n’avez pas eu d’opportunités ?
    — Pas tant que ça finalement. Mais je ne voulais pas me lier, à cause de ce que j’avais vécu. Je trouve ce monde laid et dangereux et je ne ...
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