1. L'Étreinte


    Datte: 17/09/2020, Catégories: ff, inconnu, boitenuit, fantastiqu, Auteur: Ikky, Source: Revebebe

    C’est toujours intimidant de commencer à écrire, je trouve. On a devant soi une page blanche qui n’attend que d’être remplie. Au départ, j’ai une idée bien formée, un fil conducteur, et les premières secondes, je me retrouve totalement bloquée. Comme si, l’espace d’un instant, j’avais tout oublié, jusqu’à mon nom et la raison de ma présence devant un clavier. Puis soudain, tel un cheval de course dont les portes viennent de s’ouvrir, je m’emballe, prise d’une insatiable envie de m’exprimer. Et puisqu’il faut bien commencer quelque part, commençons par cette journée si peu ordinaire.
    
    Par politesse autant que par logique, il est néanmoins nécessaire, avant mon récit, que je me présente. Disons que je m’appelle Séléna, que j’ai entre 27 et 29 ans (on m’a toujours dit d’entretenir le mystère mais je n’ai jamais été très douée), et que je suis le soi-disant charmant résultat d’un père norvégien et d’une mère italienne. Habitant Paris, je travaille à domicile, comme auteur. Ça semble sympathique comme ça, mais vous déchanteriez bien vite. Quant aux choses que j’aime et aux activités que je pratique, disons qu’elles tournent toutes autour de la créativité, de l’imaginaire, et de l’alcool (en doses modérées, tout de même, ne me prenez pas encore pour une pochtronne, chaque chose en son temps).
    
    Mon récit commence un soir de novembre, alors que je sors avec quelques amis. Je ne suis pas une grande adepte des boîtes de nuit, mais cette fois, c’est Marc qui rince et l’entrée est ...
    ... gratuite, alors, pourquoi se priver ? Je n’avais de toute façon rien de mieux à faire dans mon modeste appartement parisien.
    
    Négligemment enfoncée dans l’un des fauteuils autour de la table que nous squattons, mes amis décident de partir explorer la piste de danse s’amuser un peu plus.
    
    — Tu viens, Sélène ?
    
    Je secoue la tête, mais joins la parole au geste, consciente que la luminosité tamisée du lieu pourrait avoir une conséquence néfaste sur la visibilité du mouvement.
    
    — Non, merci, je vais en profiter pour siffler la tequila toute seule, ça me semble tout aussi bien !
    
    Après quelques mots que j’entends à peine, je les vois se diriger vers la piste de danse, donc, et commencer à se trémousser au rythme endiablé d’une musique que je serais bien incapable de reconnaître.
    
    Du pouce et de l’annulaire, je saisis mon verre. Mon autre main y verse une sérieuse rasade de l’alcool d’agave mexicain. J’ai honte de l’admettre, mais il a déjà laissé son empreinte sur moi, et lorsque je me laisse tomber en arrière pour me remettre dans cette position si confortable abandonnée quelques secondes à peine auparavant, la tête me tourne. Je souris, néanmoins, guillerette. Mes yeux verts se portent sur la salle.
    
    Plusieurs jeunes hommes – certains ne doivent même pas avoir vingt ans, et si ça se trouve moins encore – me regardent également. L’un d’eux lève même son verre lorsque nos regards se croisent. Je ne réponds pas. Ce n’est pas très poli, mais j’ai toujours détesté la ...
«1234...»