1. Histoires de cocus (extra)ordinaires (6)


    Datte: 12/09/2020, Catégories: Gay Auteur: yannlakeu, Source: Xstory

    Jean-Charles, à un peu plus de trente ans, était capitaine.
    
    D’ordinaire, nous logions dans notre appartement de fonction dans le quartier mais, pour cette nouvelle affectation, ce n’était pas pratique. La caserne était en pleins travaux et on nous avait affecté deux anciennes chambrées d’une capacité de dix lits en fond de bâtiment, transformées en logement provisoire, séparées par un couloir qu’on avait quand même muni d’une porte. Cela nous faisait un sas d’entrée. A droite, côté caserne une vaste pièce de vie avec un réchaud pour faire cuisine et à gauche, côté enceinte une vaste chambre qu’une cloison séparait en deux parties inégales pour faire salle de bain douche. On n’avait pas encore mis la porte, juste un rideau.
    
    C’était spartiate et nous n’avions pas droit à plus étant sans enfant, aussi avions-nous pris un appartement en ville, Jean-Charles ne restant à la caserne que lorsqu’il était de garde, ce qui arrivait trop souvent à mon goût, en tout cas plus fréquemment que dans notre précédente affectation.
    
    Ce soir-là, je décidai de lui faire la surprise et de rentrer au quartier pour passer la nuit avec lui. Il y avait trois jours entiers que je ne l’avais pas vu. Il devait en principe rentrer ce soir mais avait téléphoné au cabinet pour dire qu’il devait remplacer un collègue à la dernière minute.
    
    Fille de militaire moi-même, je comprenais ces contraintes même si, avec le temps, elles commençaient à me saouler un peu.
    
    Quand le jeune planton me laissa ...
    ... entrer, je vis au loin que la lumière de notre cuisine était allumée. Il était là. Je garai la voiture et fis le tour du bâtiment pour y entrer. J’aperçus mon mari qui était de dos en train de discuter avec un sergent qu’il appréciait pour sa grande bravoure et pour sa haute taille. Il l’appréciait même tellement qu’il avait obtenu qu’il nous suive dans notre affectation. Il est vrai qu’il était sympathique, prévenant et moins obtus que la plupart de ses congénères. Donc, ils discutaient et j’entendis ceci :
    
    — Affirmatif, le soldat Jouy toujours dans la combine, avec un Antillais, le soldat Gatessos.
    
    — Il ne sait rien, ne se doute de rien ?
    
    — Il n’a rien vu venir...
    
    — Parfait, on y va.
    
    — Oui, mais, mon capitai...
    
    Je n’écoutais pas la suite, peu intéressée par les impératifs du service. Je me faufilai sans être vue et montai quatre à quatre jusqu’à nos deux pièces. Il avait laissé la porte ouverte, ce qui me fit gagner du temps.
    
    J’entrai dans la chambre, puis dans la salle de bain et m’y déshabillai en l’attendant. Souvent, il prenait une douche en arrivant. La tête qu’il ferait en me voyant !
    
    Pourtant il n’entra pas directement. Il était dans la cuisine. J’entendis des verres s’entrechoquer. Il devait se servir à boire. J’étais chaude comme la braise, j’avais envie de me caresser en guise d’apéritif. Tout à coup, on frappa.
    
    — Entrez !
    
    — Mes respects mon capitaine... voici les hommes...
    
    — Entrez là !
    
    Merde ! J’étais déçue... Il était encore de ...
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