Addicte (2) - Histoires de Sexe

Addicte (2)

... décor italien, la carte écrite à la main sur un tableau noir proposait une cuisine bien française. Une jeune serveuse affable vêtue de la tenue traditionnelle de nous laissa le choix de la table.

– Vous prendrez l’apéritif ?

– Champagne rosé, sourit mon accompagnatrice visiblement habituée du lieu.

Agnès en femme d’expérience ne lésinait pas sur les moyens. Pour m’attirer dans son lit ? Agacée par ma réaction, je choisis de me laisser aller aux multiples attentions sans gâcher l’instant présent à comparer la femme d’affaires et Chantal. La serveuse remplit les coupes devant nous, prit notre commande sur un calepin électronique puis disparut, déjà accaparé par les tables voisines.

– À quoi penses-tu, chère Axelle ?

J’étais restée un instant dans le vague à savourer le présent sans arrière-pensée pour une fois, à l’opportunité de vivre mon rêve.

– À rien, tout va bien.

Agnès rassurée se reput du murmure des discussions sur la terrasse. On nous prenait à première vue pour une mère et sa fille ou pour une tante et sa nièce. Il ne nous vint pas à l’idée de démentir.

– C’est quoi ton travail, au fait ? demandai-je sincèrement intéressée.

– Je touche un peu à tout ce qui rapporte de l’argent, marmonna mon hôtesse comme s’il s’agissait d’un secret d’état, il n’y a rien d’intéressant à en dire.

La serveuse interrompit mon éclat de rire par un charmant « Madame, mademoiselle, bon appétit. » auquel je me laissai prendre.

– Désolée, mais quand tu as dit ...

... au bar que tu n’avais pas le temps d’avoir une vie de famille à cause de ton boulot, je m’attendais à autre chose que de vivre des intérêts de tes placements ou de tes immeubles.

– Détrompe-toi, gloussa Agnès, je suis souvent très occupée. Et toi, comment t’est venu l’idée de faire du cinéma ?

Une cassolette de moules au Roquefort arrosée d’un blanc sec du midi en entrée, une énorme côte de bœuf accompagna le rouge de Bordeaux, ou l’inverse. L’exagération ne se transformait pas encore en kilos à perdre, une chance.

– Depuis toute petite. Les parents ont accepté de me payer des cours d’art dramatique en échange de bonnes notes à l’école. J’ai déjà tourné dans plusieurs courts-métrages dont un a été diffusé à la télé l’an dernier.

– Excellent ! On peut les voir où ?

Le plaisir de mettre ces maigres expériences en avant m’avait incitée à hausser le ton, attirant l’attention des voisins.

– Sur le Net, bredouillai-je gênée.

Nos rires se firent aériens sur la terrasse enveloppée par la nuit tombante. Séductrice jusqu’à l’excès, Agnès se régalait de remplir la soirée d’une bonne humeur contagieuse, au point que je craignais de la voir s’en aller.

– Ça te branche d’aller prendre un verre quelque part ? Mais attention, c’est à moi de payer la tournée.

– J’ai mieux à te proposer : un bain de minuit.

Plongée dans un état euphorique délicieux, je me régalai du sourire carnassier.

– À Paris ?

– Bien entendu, pouffa-t-elle la main sur la mienne, on ne va ...