Addicte (2) - Histoires de Sexe

Addicte (2)

... tournage.

– Bien sûr.

Mon apparente timidité lui arracha un sourire compatissant. La bourgeoise avait déjà oublié la scène tournée à quelques pas de là. Dévisagée de la tête aux pieds, je choisis de reléguer la gêne au second plan, une question méritait d’être posée.

– Vous travaillez sur ce film ?

– Non mais le producteur est un ami.

– Oh !

La notion de temps disparut rapidement derrière la joie de vivre de l’inconnue qui n’en resta pas une bien longtemps. Agnès appartenait à un cercle de femmes d’affaires aux dents longues selon sa propre expression, de surcroit engagées dans le féminisme à outrance d’après certaines rumeurs. Cette cause lui importait autant que devenir actrice revêtait à mes yeux une importance capitale. La précision eut le don de me faire rire à gorge déployée sous les regards interloqués des passants.

L’équipe de tournage avait disparu peu avant l’heure du déjeuner mais je n’y prêtai aucune importance. Le vieux serveur fit des allers-retours à notre table tout l’après-midi aux frais d’Agnès dont les questions n’avaient rien d’impertinentes. Sa jovialité forçait au contraire le désir de m’épancher sur les raisons de ma présence à Paris, la réaction négative des parents enfermés dans une logique dépassée, le soutien indéfectible de mon oncle actuellement à Londres.

– Seule dans un appartement, ma pauvre, compatit l’enjôleuse attentive à chacune de mes réponses, tu ne crains pas de t’ennuyer ?

– Certainement pas, entre courir les ...

... castings et chercher un job je n’ai pas le temps d’y penser.

Agnès joua un instant en toute innocence avec le duvet de mon avant-bras.

– Et si on continuait à bavarder dans un bon restaurant ? proposa-t-elle détachée, je connais un endroit sympa. À moins que tu aies rendez-vous avec ton petit copain.

La salade composée avalée à midi ne suffisait plus à combler le vide de son estomac, surtout avec l’alcool ingurgité en abondance.

– Je suis à Paris depuis lundi, c’est un peu court pour établir une relation. Alors va pour le resto.

La mise en scène rappelait singulièrement celle élaborée par Chantal au début de la semaine. Que toutes les Parisiennes d’âge mûr en manque d’affection soient lesbiennes paraissait ridicule, mon attitude suffisait peut-être à attirer l’attention des chasseresses à l’affut d’une opportunité.

– Tu as mieux à faire que de chercher l’homme de ta vie à ton âge, souligna Agnès d’un sourire énigmatique. La jeunesse est l’occasion de multiplier les expériences, il y a de nombreux plaisirs à découvrir. On y va ?

Son regard s’illumina de nouveau face à ma tenue minimaliste. Peut-être mettait-elle au point ses techniques de drague avec Chantal. On gagna la station de taxis à deux pas d’une démarche que j’aurais souhaitée plus légère.

La terrasse donnant sur une petite rue piétonne ajoutait au charme du Caprice, on ne risquait pas de subir les gaz d’échappement. Je remerciai mentalement Agnès d’avoir évité les endroits selects. Malgré le ...