1. La soirée qu'il ne fallait pas rater


    Datte: 05/09/2020, Catégories: fh, rousseurs, Auteur: Nicolas, Source: Revebebe

    ... elle s’amuse franchement.
    
    — Je suis censée dire quoi ? Confirmer ? M’en défendre ?
    — Vous pourriez aussi mettre fin à cet aparté en me répondant que je suis bien curieux.
    — Intéressé ?
    — Par ?
    — Une conquête potentielle, par exemple…
    — « Damned, je suis découvert ! » dirait le héros dans un western-spaghetti.
    — Je n’ai guère de mérite ; étant aussi chasseresse, je connais un peu le gibier… Mais je vais vous faire une confidence : je ne chasse jamais sur mes terres, et en plus je ne suis pas célibataire, mais veuve.
    — Je suis désolé, je ne voulais pas…
    — Ne le soyez pas ; c’est déjà vieux, plus de dix ans, et le temps a fait son œuvre.
    — Alors pour clore sur une note positive, j’ai une bonne nouvelle : je n’habite pas sur vos terres mais sur celles de votre voisin. La chasse est ouverte !
    
    J’ai pour la première fois entendu son rire, léger, cristallin, naturel : rien à voir avec les « glouglous » suraigus de la dinde blonde de tout à l’heure.
    
    Bourdieu, qui tournait en rond à quelques mètres sans oser s’approcher, a fini par nous rejoindre en nous annonçant le début de la vente. Nous nous sommes rapprochés de l’estrade où madame la Présidente entamait son discours de bienvenue.
    
    — Enchérirez-vous sur quelque chose ? me glissa ma voisine à l’oreille.
    — Je ne vois pas ce qui peut me tenter. Et vous ?
    — Je vais le faire deux ou trois fois, sur le jambon ou le salon de jardin par exemple ; mais plus pour me faire voir que pour acquérir. C’est aussi bête que ...
    ... ça. Mais j’y pense, le salon de jardin, c’est vous qui allez le vendre ?
    — Hélas…
    
    Il nous a fallu prêter quelque attention au discours de la présidente. Autour de nous, deux ou trois regards sévères nous avaient déjà condamnés.
    
    — Silence ! nous a-t-on chuchoté.
    
    Je ne me souviens de rien de ce qui a été dit. Un peu bousculé par la foule trop importante pour le petit salon, je me suis retrouvé coincé cuisse à cuisse contre « mon capitaine ». Difficile de rester sans bouger, mais là j’ai fait un effort. Puis j’ai analysé les informations qui m’arrivaient au cerveau : température tiède, contact élastique mais ferme, musculature mouvante qui se contracte et se détend. Maintenant, il y a plus que les cuisses qui se touchent ; épaule contre épaule, nous résistons à la poussée d’arrière en avant de ceux qui « ne voient pas, avancez un peu s’il vous plaît ».« Surtout, ne pas laisser le contact se rompre. » Le discours dure, à la fois trop longtemps car sans intérêt, et bientôt déjà fini. Au moment où les remerciements se terminent, je sens une main se glisser à la jonction de nos deux cuisses et déplacer discrètement quelque chose. Une fraction de seconde plus tard, je comprends : une attache de jarretelle, pressée entre nos deux corps, peut-être un peu douloureuse pour la cuisse. Je ne peux m’empêcher de chuchoter :
    
    — Je m’en doutais, mais la confirmation est plus belle encore.
    — Chut… dit le Proc devant nous.
    
    Pour toute réponse de ma voisine, je n’obtiens qu’un pinçon ...
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