La rencontre
Datte: 26/08/2020,
Catégories:
f,
fh,
cérébral,
noculotte,
photofilm,
odeurs,
entreseins,
Oral
poésie,
Masturbation
Auteur: Louise Gabriel, Source: Revebebe
... seconde sur les rythmes de quoi que ce soit d’autre. Votre masculin charpenté n’en était que plus criant, pas une note ne venait arrondir les angles, adoucir les formes. Non c’était bien brut, carré, palpable, granitique, et quelle magie d’y promener mes doigts, m’apercevoir que c’était chaud, vivant, palpitant, vibrant !
Quand le désir, se disputant avec l’angoisse, finit par prendre le monopole de la situation, cette fraction de seconde où tout bascule, où tout éclate, où les murs de votre chambre ne suffisent plus à contenir ma volupté, je suis sur une île déserte, en plein paradis tropical, et je me gave sans jamais être rassasiée de fruits exotiques, du goût juteux de votre queue, de la saveur rebondie de vos fesses, de l’odeur musquée de votre masculin, et c’est terriblement bon.
Ce parfum psychotrope, sa mélopée olfactive ondulant dans mes narines, la pulpe de mes doigts irradiée de vos frissons… Eh oui, je suis un être de perceptions, j’aiguise mes sens, pour ne rien perdre, ne rien oublier…
J’entraîne ma mémoire, je ne veux pas qu’elle me trahisse, je veux perpétuer à l’infini la sensation de votre bouche sur la fleur grande ouverte de mon sexe, repasser en boucle dans mon cerveau ce film d’une seconde et demi, qu’il finisse par me faire onduler du bassin, m’oblige à fermer les yeux, qu’il me contraigne à écarter les cuisses, que mon clitoris tendu comme la corde d’un arc devienne douloureux. Je pourrais presque me faire jouir sans me toucher, j’attends ...
... et j’attends encore, à rendre la perception exaspérante, insupportable, je cultive le vide, ce gouffre qui à chaque soupir devient un peu plus profond. Je sais que lorsque enfin je me toucherai, je serai dégoulinante, que mes lèvres intimes seront gluantes, luisantes, consumantes, qu’elles baveront d’envie devant votre langue rêvée, que mes doigts sauront me satisfaire parce qu’ils seront habités du souvenir de votre saveur.
Je ne sais pas si la prochaine fois je serai plus capable de vous regarder, de vous laisser voir mon regard, le photographier, je n’en sais vraiment rien. Mais je suis sûre d’une chose, cette ondulation, au creux de moi, qui empêche la totale concentration sur mon travail du moment, ne m’a guère quittée. Je la chasse de temps à autre, il me faut vraiment travailler, et je m’acharne à éloigner la sensation trop dévorante. Mais ce qu’elle peut être mesquine, elle me câline doucement le bas des reins, comme si de rien n’était, elle se fait discrète, pas trop envahissante, elle butine lentement le long de ma colonne vertébrale, elle finit par s’attarder un peu trop longuement sur ma nuque, bien trop longtemps, elle me contraint à plier, à courber, à incliner ma tête, elle met fin, elle décapite sans remords mes dernières réticences à mes envies de jouissance, et je n’arrive plus à rester sereine face à ces bon Dieu de chiffres qui ne m’inspirent rien. Je m’avoue vaincue, je me caresse, je me touche doucement, puis plus fort, que mon corps exulte, qu’il ...