1. La rencontre


    Datte: 26/08/2020, Catégories: f, fh, cérébral, noculotte, photofilm, odeurs, entreseins, Oral poésie, Masturbation Auteur: Louise Gabriel, Source: Revebebe

    ... bon sang, et je les imagine déjà, mes courbes, pas très accentuées sous les lumières couleurs néon. Affolant !
    
    Le désir et la peur continuent leur bataille acharnée, ils se disputent à l’intérieur de moi. Ils n’arrêtent pas une seconde de me tirailler d’un côté, de l’autre.
    
    Monter les escaliers à la hâte, ne plus s’arrêter, trois étages au pas de course ou presque, ne pas se retourner, enfin à l’intérieur. Il fait chaud dans votre appartement, ça sent la peinture fraîche, le tout neuf, le tout juste rangé, l’installation récente, c’est vivant, je me détends un peu.
    
    L’invitation à prendre un café, ah, ce n’est pas de refus, bien sûr que j’ai besoin d’un café, et noir, le plus noir possible. Se répandre en banalités, il me semble encore me souvenir, les détails, les fenêtres, enfin pourquoi parler du décor, ça rassure parfois le banal, c’est sûr, bien stable. Et moi qui n’ose toujours pas vous regarder, pas pour de vrai, pas possible encore de planter mes yeux dans les vôtres, si j’y lisais que je ne vous plais guère… Enfin, j’essaie de penser à autre chose, l’œil noyé dans les vitres, l’iris liquide. Et je fume une cigarette puis une autre, j’aurais pu griller le paquet à en saturer mes poumons.
    
    Il faut que cela cesse. Avancer, passer à autre chose, la chose pour laquelle je suis là, la chose pour laquelle vous m’avez invitée chez vous, et j’en meurs d’envie, et j’en ai peur. Ne pas supposer un instant que vous puissiez être un rien angoissé vous-même, ça, non, ...
    ... je ne l’ai pas envisagé, pas une seule seconde ; vous aviez l’air si serein, peut-être vos mains tremblaient-elles un peu, il m’a semblé. Vision fugitive.
    
    Et me voilà debout, on y va, bien sûr qu’on y va, mais pas si facile. Et moi qui vous dis :
    
    — Il va vous falloir m’aider un peu.
    
    Tout devient magique, vos mains parlent à votre place lorsque solidement vous m’enserrez dans vos bras, que vous embrassez ma nuque, que vous remontez ma jupe pour faire le constat de ma totale obéissance. Eh bien oui, je n’ai pas de culotte, je n’en aurai pas mis ce matin-là pour tout l’or du monde, je voulais tant et tant vous plaire, cela m’excitait de me promener la chatte à l’air en plein Paris juste pour vous satisfaire, pour me plier à l’inconnu que vous êtes.
    
    Maintenant, vous pouvez tout vouloir de moi, les photos, mon cul, ma chatte et ma bouche, je ne vous refuserai rien, parce que le refrain de vos mains sur ma peau vous a ouvert les portes, toutes les portes et les ouvertures de mon corps, les barrières de l’angoisse ont volé en éclat, et là, je deviens moi.
    
    Aller dans votre chambre, lieu des prises de vue – c’est vrai, la lumière y était belle ce matin-là. Vous vous attardez sur l’arrondi de mes épaules, jetez dans l’empressement mes vêtements… bon Dieu, qu’elle est bonne, votre urgence, vous n’imaginez pas !
    
    Me voilà nue, vous me basculez sur le lit avec un rien de brusquerie, m’intimant l’ordre de me caresser, évidement que je vais me caresser, cela fait deux jours ...
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