Au coeur de l'autre
Datte: 31/07/2020,
Catégories:
fh,
ff,
inconnu,
médical,
enceinte,
parking,
voiture,
mélo,
Auteur: Calpurnia, Source: Revebebe
... genre. Je me rappellerai longtemps de vous et de votre amie norvégienne.
— Finlandaise…
Perdue dans cet immense hôpital dont les secteurs multicolores sont pourtant faits pour qu’on puisse se repérer, je parviens enfin à trouver la chambre de Valma. En fait, elle dort. J’ignore si son sommeil est naturel ou l’effet de médicaments. Une perfusion relie sa main gauche à une poche de liquide incolore. Assise sur le bord du lit, je la tiens par l’autre main, attendant patiemment qu’elle se réveille. Dans son sommeil elle est paisible, autant que lorsqu’elle conduit. J’ignore si elle rêve, si elle ressent ma présence derrière ses paupières closes. J’admire sans me lasser son beau visage impassible comme celui d’une statue dans un jardin public, mais avec une chevelure flamboyante, d’un feu qui ne lasse pas d’enflammer mon cœur.
Enfin, au bout d’une heure, elle ouvre ses yeux et sourit. Elle se redresse sur le lit.
— Tu ne m’as pas dit quel film tu voulais aller voir, lui dis-je.
— Celui que tu veux ! Mais avec toi.
— On s’occupe bien de toi, ici ?
— Ça va. Dis, tu as été sage pendant mon absence ?
— Oh non ! J’étais très malheureuse et j’ai fait plein de bêtises, comme parler à des inconnus et même coucher avec un médecin d’ici. Enfin coucher, façon de parler, parce que c’était du vite fait, dans sa voiture. Et tu sais qui c’est ? C’est l’interne avec des cheveux longs et un nom à coucher dehors avec un billet de logement. Tu ne m’en veux pas ?
— Avec lui ? Non, je ...
... ne suis pas jalouse. Et c’était un bon coup ?
— Bof ! Mais il t’a sauvé la vie : je lui devais bien ça, non ?
— C’est toi qui vois… Comme ça, alors que je te croyais lesbienne jusqu’au bout des ongles, tu n’es plus une pucelle.
Après l’avoir embrassée sur la bouche, je m’allonge sur le lit à côté d’elle. Elle regarde mes yeux rougis à force d’avoir pleuré.
— Tu as dû en verser, des larmes. Tu as eu peur pour moi ?
De la tête je fais signe que oui.
— Il me reste à t’apprendre lesisu finlandais. C’est un mot intraduisible, qui signifie à peu près le cran, c’est-à-dire l’état d’esprit de résilience, d’endurance et de courage qui consiste à toujours espérer et ne jamais abandonner, et qui nous vient du fond des âges mais a été renforcé par la guerre contre les Russes (1). Chez nous, en hiver, on ne voit presque jamais le soleil, alors il faut savoir affronter la longue nuit ; mais nous sommes culturellement armés pour cela. Un été, je t’emmènerai dans mon pays, nous contemplerons le soleil de minuit, nous irons dans une barque pêcher sur d’un des milliers de lacs entourés de forêts de pins, et nous nous baignerons nues avant de nous étendre sur la mousse. Ou bien nous irons en Laponie, entre les équinoxes d’automne et de printemps, admirer des aurores boréales qui se reflètent sur lacs glacés : c’est un spectacle extraordinaire.
J’ai envie de me serrer contre son corps. Bien plus qu’une envie, c’est un besoin vital : son contact m’a tellement manqué dans la nuit… ...