La lettre
Datte: 29/07/2020,
Catégories:
hplusag,
nopéné,
Auteur: Oxalis, Source: Revebebe
... blouson vert, son jean bleu et son pull noir à col roulé.
Il n’a pas du tout changé en trois ans et j’ai la furieuse impression de retourner en arrière jusqu’à ma dernière année de lycée. Il devrait quand même parfois essayer de changer sa garde-robe.
Il sourit largement, avec son petit air malicieux toujours aussi touchant, et je m’aperçois que moi aussi je souris, sincèrement heureuse de le retrouver. Il me rejoint enfin, ou plutôt nous nous rejoignons.
— Mademoiselle Élyne Berger, claironne-t-il d’un air faussement grandiloquent, il me semblait bien que c’était vous…
Et au son de sa voix tellement familière malgré les années qui se sont écoulées, je me sens replonger dans le passé avec un ravissement sincère, et m’y noie avec joie.
— Bonjour Adam ! lancé-je gaiement
Et nous nous sourions.
— Alors, reprend-il, toujours souriant, comment allez-vous? Cela fait quelques temps que je n’ai plus de nouvelles de vous.
Une lueur de culpabilité doit s’allumer dans mes yeux et je ris pour masquer ma gêne.
— En fait, dis-je d’un air contrit, je n’ai pas vraiment eu le temps de vous écrire dernièrement.
Il sourit à demi. Comme cela m’est familier !
— Vous allez bien, vous ? je demande, doucement.
Il rejette la tête en arrière et lance d’un ton dramatique :
— Ma foi, à tout hasard, je crois que ça ne pourrait pas aller plus mal… (Il surprend mon regard sceptique.) Je plaisante. Je vais très bien, naturellement.
J’éclate de rire.
— Et les ...
... études? fait-il remarquer finement.
Ma figure s’allonge et je fais la grimace.
— S’il vous plaît, oublions ça. Je suis en vacances après tout.
Il me fixe d’un air pénétrant.
— Quelque chose ne va pas ? demande-t-il d’une voix sérieuse.
Je soupire.
— Pas plus que la dernière fois que je vous ai écrit.
En fait, si. Une enveloppe terriblement traumatisante m’attend sur mon lit.
— Et vous ? Comment cela se passe au lycée ? je m’enquiers, histoire d’éluder la question.
Il prend un air faussement béat, et regarde au ciel en souriant comme un ange.
— Eh bien, mes chers collègues sont toujours aussi intimidants, mes élèves sont toujours aussi impressionnables, et le lycée toujours aussi somptueusement magnifique…
Je secoue la tête en m’obligeant à ne pas rire, mais il me regarde droit dans les yeux, mi-figue mi-raisin et je devine qu’il sait pertinemment que j’ai envie de rire.
— Vous rentriez chez vous? questionne-t-il soudain.
J’opine de la tête.
— Ce n’est pas très loin, ajouté-je dans un sourire.
Il me regarde. Il a toujours cette manie de plonger son regard dans le vôtre avec tant d’intensité que vous avez l’impression qu’il lit votre âme.
— Je vous raccompagne, propose-t-il.
J’ai l’impression qu’il a vraiment envie de rentrer avec moi. Se sent-il seul ? Il affiche un sourire d’enfant sage et je lui souris en retour.
Nous commençons à marcher vers mon immeuble, en silence. Du coin de l’œil, je le vois me jeter quelques regards ...