Le petit chien est mort
Datte: 17/07/2020,
Catégories:
f,
h,
fh,
inconnu,
gros(ses),
groscul,
Masturbation
nopéné,
mélo,
Auteur: Olaf, Source: Revebebe
... regarde, ravagée par le chagrin, plus seule que seule à l’instant de perdre son compagnon de longue date. Je me trouve alors plongé dans un tourbillon d’émotions très diverses. Elle vient de planter dans mon esprit le décor d’un monde dont je ne pouvais soupçonner l’existence. Son monde intérieur, que l’animal va quitter et que l’intensité de l’instant rend visible, dans la plus totale impudeur.
Ce faisant, elle m’associe personnellement, presque physiquement même, à la sortie de l’animal de sa vie. Le dernier souffle de la bête nous unit face à la mort, nous unit face à l’obscénité du corps inerte qui restera là et que je vais devoir emporter. L’attente de l’ultime instant nous unit face à un inévitable questionnement sur le devenir de ce qui le rendait si vivant, si aimant.
Avec le dernier souffle de la bête, dont j’ai l’entière responsabilité, une brèche va s’ouvrir, qui nous mettra à nu face à l’indicible et nous rendra vulnérables.
Debout, incapable de reculer, de me réfugier où que ce soit, je renonce à détourner les yeux. Me sentir tacitement ouvert à sa demande silencieuse semble la rassurer. Jamais je n’ai ressenti quelque chose de pareil. Me voilà à la merci d’une femme sans attrait, mais ensorcelante, sans doute par la seule puissance de ce que la séparation provoque en elle, de l’imminente apparition de la mort. Comment aurais-je pu l’imaginer ? Comment m’y soustraire ?
D’une voix monocorde, elle me demande si son chien est déjà mort ? Je lui précise ...
... que je dois encore injecter une autre dose d’anesthésique.
Elle me demande alors si je peux lui laisser un peu de temps pour s’y préparer. Je pense à une sorte de rituel, une anticipation du manque, la dernière volonté de celle qui va rester.
En réalité, rien ne presse : le chien ne se réveillera plus. J’ai juste envie d’en finir, de libérer le chien de sa pauvre condition et de reprendre le cours de mon existence hors de cette étrange atmosphère.
Pourtant, contrairement à ce que j’éprouvais un peu plus tôt, je me sens incapable de me projeter dans un avenir immédiat. Je sais ce que j’ai à faire, mais l’impulsion manque pour entrer dans l’agir.
Sans parler de cette vision, cette perception nouvelle pour moi, de la place qu’on risque de laisser à la mort, si on n’y prend pas garde, si on ne se protège pas, si on n’occupe pas le terrain avant elle.
Sandra se lève et me demande de la suivre. Elle me conduit au seuil de sa chambre à coucher. Elle aimerait que je pose le chien sur son lit pendant qu’elle ira se préparer. J’imagine qu’elle désire le voir une dernière fois sur sa couche, là où ils ont passé tant de nuits côte à côte.
Elle disparaît dans sa salle de bain. Je dispose le corps endormi au pied du lit, enroulé sur lui-même, dans la position que j’imagine être celle qu’elle veut garder en mémoire.
Quelques minutes plus tard, la jeune femme traverse l’appartement et vient à notre rencontre. Celle que je découvre alors ne ressemble en rien à la femme mal ...