Le petit chien est mort
Datte: 17/07/2020,
Catégories:
f,
h,
fh,
inconnu,
gros(ses),
groscul,
Masturbation
nopéné,
mélo,
Auteur: Olaf, Source: Revebebe
Je sais pourtant depuis longtemps que je devrais me méfier des exceptions. Elles recèlent un dangereux potentiel d’imprévu. Elles ont en elles comme un appel à l’irrationnel.
Certes, elles sont souvent le fruit d’une bonne intention. Changer le cours de ses habitudes ne peut se produire que pour une bonne raison. Mais la raison qui paraît être la bonne est rarement la vraie raison. C’est là que réside le ferment du dérapage.
Car aucune de nos habitudes n’est là par hasard. Avant d’accepter d’y déroger, il faudrait se forcer à une plus longue introspection. Changer d’habitudes ? Et pourquoi donc, en vérité ? En poussant la réflexion jusqu’au bout, on en apprendrait plus sur soi-même.
Question d’apprentissage, celui que Sandra me réserva tint plus du chambardement que de la simple dérogation. Rétrospectivement, je suis sûr qu’elle n’avait rien prémédité. Elle s’est plutôt sentie poussée par une force irrésistible. Un truc lié à l’alchimie des êtres. À cette étrange communion dans laquelle deux inconnus peuvent se trouver, alors que rien ne le laissait supposer l’instant d’avant. La force des circonstances ? Un rai de lumière sur la face cachée de deux humains, soudain mis à nu l’un pour l’autre ? L’explosion libératrice d’un refoulé identique ?
Il n’empêche qu’en analysant les raisons qui poussent à faire une exception, on pourrait découvrir la faille et s’éviter bien des déconvenues. Dans le cas de Sandra, l’exception fut vraiment de taille. Tout comme ...
... elle.
C’est dire si aucune attirance n’influença mon choix d’accepter d’euthanasier son très vieux chien à domicile.
En temps normal, jamais je ne réponds positivement à ce genre de demande. C’est contre mes principes, contre les règles de l’art.
Cet acte définitif est déjà assez pénible à réaliser, émotionnellement parlant, sans y ajouter l’aléatoire d’un autre environnement que celui du cabinet vétérinaire. Si quelque chose va de travers, il est impossible de réagir correctement. Et dans ces derniers instants, ce qui va de travers provoque à coup sûr une débâcle. Avec tout ce que cela peut signifier de souvenirs douloureux pour les personnes présentes.
ooo000ooo
J’arrive vers vingt heures au domicile de Sandra, armé des quelques poisons nécessaires à l’apaisement des souffrances d’un vieux chien. Après un bref instant de mise en condition, le temps de revêtir la cuirasse qui me protège du contrecoup d’un acte si contraire à l’ordre des choses, je sonne.
Le chien, dont la couche est placée dans le hall d’entrée, trouve encore la force d’aboyer. Juste un peu, sans quitter son panier. Il n’en est plus capable depuis quelques jours.
Sandra me fait entrer, sans mot dire. Tout a déjà été discuté, j’ai son consentement, elle sait comment cela va se dérouler, quelques signes suffiront pour accorder nos gestes.
Elle caresse la tête du chien pendant que je lui fais la première injection, intramusculaire, indolore. Épuisé par la maladie, rassuré par la présence de sa ...