L'animal qui est en toi - Histoires de Sexe

L'animal qui est en toi

... avant.

En attendant, sur le chemin qui nous mène de la gare à la boutique, je prends mon temps. Jennifer, tout comme moi d’ailleurs, reste silencieuse.

Ce n’est qu’à l’approche d’un stop qu’elle rompt le silence.

— Tiens, ce n’est pas la voiture de Jean-Marie, là-bas devant ?

En effet, je ne l’avais pas remarqué, c’est effectivement le véhicule de fonction du responsable de l’unité dont nous dépendons, et au volant ce ne peut être que le big boss lui-même, sa crinière blanche est assez repérable, même de loin. Il roule tranquillement, marque son stop et redémarre, tout aussi tranquillement.

— Heureusement qu’il a marqué l’arrêt, les flics y sont tout le temps, à cet endroit…
— Ah ?
— Oui, tu peux demander à ma femme, elle t’expliquera…

En fait, j’en ris maintenant, mais se prendre quatre points plus la prune pour une faute aussi ridicule, il y a de quoi s’en vouloir.

Mais, deux cents mètres plus loin, je vois Jean-Marie en grande discussion avec ces messieurs de la gendarmerie. Visiblement, le ton monte, aussi prends-je sur moi de m’arrêter.

— Ça va, Jean-Marie ?
— Tu parles ! Paraît que j’ai grillé le stop !

On dit souvent des forces de l’ordre qu’elles sont un mal nécessaire et qu’à ce titre il faut les respecter. Mais il n’en est pas tout à fait de même envers ces types prêts à faire n’importe quoi et à mettre n’importe qui dans une merde noire simplement pour assurer le chiffre que leur supérieur leur a demandé de faire à tout prix.

— Je ...

... connais ce monsieur, et j’étais deux voitures derrière lui. Vous pouvez demander à ma passagère, nous parlions justement de vos contrôles et qu’il avait de la chance de s’être arrêté au stop.

Bien entendu, cela ne plaît pas à notre gendarme qui, après m’avoir sommé de circuler, se trouve bien ennuyé quand je lui fais comprendre sur un ton plus que ferme que si cela devait se terminer devant un tribunal, j’irais témoigner en sa faveur, tout comme ma passagère d’ailleurs. Alors, le regard noir, il finit par rendre ses papiers à Jean-Marie, et prononce la phrase magique.

— C’est bon pour cette fois, mais n’y revenez pas. Circulez.

Là, bien entendu, nous ne le faisons pas répéter et prenons très vite le large.

Toujours est-il qu’à peine arrivé dans la cour de la boutique, notre boss nous appelle tous les deux.

— Venez dans mon bureau, tous les deux. J’ai quelque chose à vous dire.

Même si nous sommes un peu surpris, nous nous doutons bien que ce n’est pas au sujet du stage qu’il a envie de nous voir.

— Purée, les jeunes, je vous dois une fière chandelle…
— Pourquoi ? Tu n’aurais pas fait la même chose pour nous ?
— Si, bien entendu, mais si vous n’étiez pas intervenus j’étais bon comme la romaine, je n’ai plus que trois points sur mon permis…

Voilà ce que c’est de rouler dans une grosse cylindrée par les temps qui courent…

— Écoutez, demandez-moi ce que vous voulez, c’est accordé.

Pendant une fraction de seconde, je me demande bien ce que je peux ...