1. Le temps du désir


    Datte: 27/06/2020, Catégories: ff, jeunes, école, amour, init, confession, Auteur: Coqueluche, Source: Revebebe

    ... moi, lâche, je ne pipe mot.
    
    Comme si cela ne suffisait pas, le voilà qui me demande mon avis sur le projet de loi d’un candidat à la présidentielle concernant le mariage homosexuel. Je n’ai pas besoin de regarder Cassandre pour savoir qu’elle est tétanisée. L’homophobie paternelle est si évidente que je marche sur des œufs… Je fais front en arborant un visage en point d’interrogation à l’intention du papa. Cela suffit à l’échauffer. Il enfourche son destrier de croisé :
    
    — Ils veulent – il parle des « rouges », c’est à dire des socialistes – corrompre les fondements même de notre société. Autoriser le mariage homosexuel, c’est accepter que des anomalies de la nature soient légitimées ! (Et vlan ! Un coup de poing sur la table… de quoi faire sauter une autre aile de poulet dans l’assiette du voisin !). On ne construit pas une famille avec des couples d’hommes ou de femmes ; d’ailleurs, ils ne peuvent pas se reproduire ! C’est bien la preuve que ce projet de loi est absurde. N’est-ce pas Axel ? Une famille, c’est l’union d’un homme et d’une femme en vue de procréer. C’est ainsi depuis que le monde est monde ! martèle-t-il. Et toutes les religions le confirment et condamnent les mœurs dépravées de ces malades qu’il faudrait soigner au lieu de les encourager…
    
    Que répondre à cela sans se compromettre ? Je croise les yeux muets de Cassandre qui me supplient de ne pas réagir. J’entends le message… Mais… Mais… je suis moi !
    
    — Je crois, Monsieur, que les homosexuels ne ...
    ... sont pas des « malades », comme vous dites. Des exceptions, peut-être, mais ni des malades, ni des dégénérés.
    
    Il me regarde comme s’il n’avait pas saisi mes propos. Surpris que je n’abonde pas dans son sens ?
    
    — Enfin, ne me dites pas que vous les défendez ! s’exclame-t-il. La nature a ses lois…
    — Je sais, Monsieur. Des lois étranges parfois. On rencontre de «ces cas »…
    — Il est vrai, m’interrompt-il. Justement, c’est bien le rôle des hommes civilisés d’empêcher ces bizarreries de se répandre au sein de ses sociétés.
    — Mais il est aussi de la responsabilité de ces hommes de respecter la diversité que la nature leur impose. Être homosexuel n’est pas un choix, me semble-t-il. Appelez cela une fatalité, si vous voulez. - Mais où je vais, là ? - Ce n’est pas non plus une maladie. Je crois sincèrement qu’ils sont nés tels qu’ils sont, et non auteurs de leur… particularité… ou plutôt de leur spécificité. Les stigmatiser ? Non ! Les respecter ? Oui ! Ils ne font de mal à personne, que je sache ? Ils apportent autant à l’humanité… non… en vérité, je veux dire qu’ils apportent leur humanité à la société. Moi, je trouve que celle-ci serait inhumaine sans eux parce qu’elle ne serait composée que de gens dits normaux… Ce serait flippant, non ? Que des clones qui se croient uniques et exemplaires !
    — Mais les religions condamnent les homosexuels !
    — Les religions… Vous croyez qu’Allah, Dieu ou Jéhovah ont une dent contre les homos ? Je n’en suis pas sûre, parce que… après tout, ...