1. Le temps du désir


    Datte: 27/06/2020, Catégories: ff, jeunes, école, amour, init, confession, Auteur: Coqueluche, Source: Revebebe

    ... méticuleuse. Elle décline ma proposition de l’aider dans la préparation du dîner.
    
    Je suis inquiète. La politesse aimable dont elle fait preuve, me donne l’impression que je suis en train de passer un examen. Je constate que Cassandre a de nouveau repris cette componction qu’elle avait arborée en présence de son père lorsqu’il était venu à la caserne pour la récupérer. Cette forme de prudence craintive m’avait déjà mise mal à l’aise. Je n’arrive pas à saisir la manière dont les relations familiales se nouent dans cette maison. Il n’y a pas ici cette liberté de ton, de comportement que je connais avec papa. Il n’y a pas de spontanéité. Comme si l’erreur, le faux pas, la parole déplacée étaient inadmissibles. Me connaissant, je suis sûre que je vais commettre mille impairs ! Ma maladresse est un sujet de réjouissance régulier dans ma famille.
    
    Le dîner est culturel. On parle littérature, musique – j’apprends au passage que Cassandre est une « virtuose » du piano, selon papa ! – et bien sûr, études. Le bac approche. Cassandre se crispe quand on aborde le sujet. Je sais qu’elle stresse à mort.
    
    Pour l’heure, moi je stresse, parce qu’on vient de me servir une aile de poulet accompagnée d’un panier de pommes de terre en terrasse et d’un bouquet de haricots étuvés en cocotte ! Cassandre m’a prévenue que le savoir être à table consistait à ne se servir que des couverts et pas des doigts… Elle est chiante : si ça c’est pas me mettre la pression… Bon, jouons donc notre rôle ! Je ...
    ... plante la fourchette mollement dans le morceau de blanc – parce qu’il n’est pas question, non plus que j’abîme l’assiette de porcelaine héritée des arrières-arrières-grands-parents, au moins ! – en étant trop vigoureuse du poignet, et j’entame l’articulation de l’aile avec le couteau. Le problème, c’est que la foutue articulation résiste. Et je force. Trop !
    
    Le couteau dérape, l’aile s’envole ! Je vous jure ! Et elle atterrit dans l’assiette mitoyenne, celle de Madame… Je rougis, je bafouille, j’ai envie de m’enfuir, de me glisser sous la table pour qu’on m’oublie.
    
    — Pigeon vole ! s’exclame Monsieur, avec un sourire condescendant.
    — Je suis désolée, m’excusé-je. Chez moi, on mange plutôt le poulet avec les doigts…
    
    Je dois dire que là, je fais fort. Revendiquer mes origines pour excuser ma maladresse, j’ai tout de suite honte de moi. Mais eux s’esclaffent ! Ils se moquent de moi ou quoi ? Mais non… Ils s’amusent juste de la situation. Alors je fais comme eux tandis que Madame, replace consciencieusement l’aile volante dans mon assiette.
    
    — Retour au pigeonnier ! déclare-t-elle spirituellement.
    — Merci, madame !
    
    Au moment du dessert, Monsieur s’informe de mes projets. Je lui réponds,« École de journalisme ». Il grimace. Et me souhaite bien du plaisir, considérant que cette engeance – celle des journalistes – était largement dominée par les lobbies juifs qui pratiquaient abondamment le népotisme dans le milieu des medias…
    
    Ben voyons ! Antisémite en plus…
    
    Et ...