1. Le temps du désir


    Datte: 27/06/2020, Catégories: ff, jeunes, école, amour, init, confession, Auteur: Coqueluche, Source: Revebebe

    ... elle me l’avait dit, on découvre des chevaux et des sous-bois… des paysages verdoyants, et des feuillages d’automne… comme dans les salles d’attente d’un médecin ! Mon regard s’attarde sur un cadre, suspendu au-dessus de son bureau : une amazone se tient bien droite sur son cheval bai. De la bombe vissée sur son crâne, cascade la blonde crinière de Cassandre. Le regard fixé vers l’objectif, sérieuse, fière, majestueuse, elle semble me dévisager, Ses mains gantées, reposent sur l’encolure de la bête, elle tient les rênes. Sa mince silhouette est cintrée dans une veste noire dont les boutons jettent des reflets dorés. Le jodhpur blanc, moule étroitement ses jambes qui épousent la forme arrondie du ventre de l’animal jusqu’aux bottes noires, brillantes, dont l’extrémité s’enfonce dans les étriers… Quelle souveraine beauté ! J’envie le cheval…
    
    — C’était l’année dernière au club d’équitation, m’explique-t-elle.
    
    Elle s’est approchée de moi par derrière. Ses bras m’enferment dans leur étreinte, mains posées sur mon ventre et menton appuyé sur mon épaule. Je frissonne.
    
    — Papa n’aime pas trop cette photo. Mais moi, je l’adore. J’ai dû batailler pour qu’il accepte que je l’expose ici.
    — Ah bon ? Je me demande bien pourquoi. Moi aussi je l’adore. Tu es… si belle… Et ta mère, qu’en pense-t-elle ?
    — Je ne sais pas. Elle ne dit rien.
    — C’est la première photo que je vois dans la maison…
    
    Elle acquiesce.
    
    — Nous avons des albums, mais papa affirme que c’est orgueilleux de ...
    ... mettre son visage dans un cadre à la vue de tous. Seules les vieilles photos de famille en noir et blanc sont tolérées.
    
    Je voyais ça davantage dans la culture musulmane… Si le capitaine Haddock passait par là, il traiterait sûrement le père de Cassandre d’iconoclaste !
    
    — Tu as bien fait de résister. Ça donne un petit air personnel à ta chambre.
    — C’est vrai. Avant, j’avais parfois l’impression d’habiter une chambre d’hôtel. S’il a cédé, c’est juste parce que cette pièce est intime. Personne n’y vient jamais… Tu es la première depuis au moins cinq ans !
    
    Sa chaleur s’est répandue dans mon dos. Mes mains retiennent les siennes, bien à plat sur mon abdomen. Mon cœur s’est doucement emballé, je crois même que je l’entends résonner dans ma poitrine. Je vais l’embrasser… J’en ai tellement envie que je retarde le délice de ce moment. Mais c’est elle qui glisse son museau contre mon cou et vient picorer du bec l’endroit où bat l’artère. L’odeur shampouinée de ses cheveux taquine mon nez : un vague parfum de pomme, peut-être… ou de tilleul ! Devine-t-elle contre ses lèvres la pulsation de l’aorte ? La pointe de sa langue glisse juste à l’endroit où je sens son battement. Perçoit-elle mon souffle court ? Je ferme les yeux, je ne bouge plus. C’est un instant si précieux : elle est venue à moi…
    
    Elle me fait me retourner doucement. On se noie dans le regard l’une de l’autre.
    
    — Je t’aime, murmure-t-elle. Mais c’est un murmure si ténu que je l’entends à peine.
    
    Sa main s’est ...
«12...131415...23»