1. Uchronie soit qui mal y pense ou l'effondrement de l'humanité [SF] (4)


    Datte: 25/06/2020, Catégories: Divers, Auteur: Doogy Woogy, Source: Xstory

    ... défraîchis mais qui avait l’énorme avantage d’être en lisière de forêt et à l’écart des premières maisons. Une enceinte de vieilles pierres entourait la propriété, protégeant les légumes du jardin des animaux sauvages – il y en avait bien toujours un plus malin que les autres pour franchir l’obstacle d’un bond, mais le mur en tenait une majorité à l’écart – et protégeait les fenêtres des regards indiscrets d’éventuels promeneurs. Outre le portail massif donnant sur la voie d’accès, une autre ouverture à l’arrière permettait une sortie directe vers la forêt, chemin qu’empruntait Sophie pour ses balades post-méridiennes.
    
    L’automne était leur saison préférée à toutes les deux. C’était déjà le cas bien avant leur rencontre, deux ans auparavant. Leur première entrevue s’était déroulée dans le cabinet médical d’Emma. Sophie, ne supportant plus l’atmosphère des villes, cherchait une location dans un village lui permettant un contact quotidien avec la nature. Elle était venue à bicyclette musarder dans ce coin un peu perdu où elle aimait venir se balader et, levant le nez à la recherche d’éventuelles pancartes annonçant une location ou même une vente, elle avait roulé dans une ornière qui l’envoya au sol où son genou gauche rencontra la bordure d’un trottoir. Un témoin de la scène la dirigea vers l’unique cabinet médical du village où Emma la reçut. Narrant sa mésaventure à la praticienne qui l’auscultait, elle en vint à sa quête d’un logement dans les environs.
    
    ─ Laissez-moi ...
    ... votre numéro de téléphone ; si j’apprends quelque chose, je vous tiendrai au courant, proposa Emma dont la main s’éternisa sur la cuisse de sa patiente.
    
    Sophie avait bien perçu le sous-entendu que cette offre comportait ; elle fit en sorte que sa réponse fût tout aussi claire. Elle le fut tant que, quelques semaines plus tard, elle partageait son temps entre son appartement et la maison d’Emma.
    
    Sophie était tout sourire à la pensée de cette première rencontre. Deux ans qu’elles filaient le parfait amour, deux années qui avaient filé à toute vitesse au rythme d’un bonheur que rien n’entravait, pas même la contrainte de ne pouvoir s’embrasser en public. Les gens du village n’étaient pas dupes, mais ils tenaient à garder leur médecin ; et tant que les apparences étaient sauves, tout le monde y trouvait son compte.
    
    Irkoutsk partit comme une fusée dans les bosquets. Après s’être soulagé, il ralentit la cadence et apporta un bout de branche dans l’espoir que Sophie soit d’humeur à jouer avec lui le plus longtemps possible. Il était rare qu’elle refuse de jeter un morceau de bois qu’il lui rapportait sans cesse. Lorsqu’elle jugea avoir assez joué, la balade à proprement parler put commencer. Ils partirent le long de la plantation de conifères aux branches d’un vert sombre que quelques châtaigniers poussant sur le talus venaient éclairer de leur feuilles jaune-orangé. Sophie chercha parmi les herbes hautes qui recouvraient le talus les premières châtaignes tombées de leur ...
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