Chapitre 2 - Dakota - Histoires de Sexe

Chapitre 2 - Dakota

... J’aime beaucoup les images.

— C’est le bateau que Claire a acheté, explique Sasha avec excitation, poussant vers moi une des brochures et les photographies diverses d’un exemplaire en construction.

Je ne réagis pas directement. Claire me laisse le temps. Elle ne connaît malheureusement que trop bien cette période que je traverse, celle où j’essaye de réintégrer une réalité qui m’est devenue étrangère. Je parcours les images des yeux, reconnais immédiatement le voilier en question : c’est unFountaine Pajot de 44 pieds, un catamaran que nous avions considéré dans une de nos précédentes discussions comme un compromis entre confort et efficacité. Mon cœur penchait pour des navires plus classiques, de vieux gréements aux coques polies par les voyages. Claire flashait pour les énormes yachts rutilants que la mer semblait effrayer. Aucun de ces projets ne vit jamais le jour ; ils ne restèrent que des rêves que nous ne parvenions pas à partager.

— Tu l’as acheté ?
— Oui. Il y a deux mois. Il est en construction. J’ai demandé des modifications.
— Quel genre de modifications ? Une piscine à bord ? Une salle de bain en marbre ?

Elle fait la moue et secoue la tête.

— Rien de si extravagant, même si je reconnais que l’idée du marbre a effleuré mon esprit.

Sasha rit ; je lui lance un regard froid. Elle baisse les yeux et se plonge dans les catalogues.

— Et si j’avais refusé ?
— J’aurais eu un jouet de plus dont je ne me sers pas. Cela ne m’aurait pas ruinée.

Je ...

... sens la colère me gagner, ce sentiment d’avoir été mise à l’écart, d’être l’objet d’un complot.

— Je n’ai vraiment rien à dire dans cette histoire ?

Claire ne se laisse pas impressionner. Ses yeux verts sont calmes, braqués sur moi.

— Non. Moi et Sasha décidons des choses importantes : la couleur des tissus, la vaisselle, le bar, etc. Nous te déléguons les détails comme l’équipement nécessaire à faire bouger cet infernal engin, la navigation, les voiles – en a-t-on d’ailleurs vraiment besoin ? demande-t-elle avec un sourire. Ce bateau a un très bon moteur. Tu sais qu’ils en font sans mât ?
— Et le bateau ?
— Ce bateau était ton idée.
— Il y a trois ans…
— Oui. Il y a trois ans… Je suis très lente à me décider. En veux-tu un autre ? Personnellement, je me serais mieux vue dans ce modèle-là, remarque-t-elle en pointant un soixante pieds du doigt.

Je secoue la tête.

— C’est trop grand.
— Ce n’est jamais trop grand. Surtout quand il s’agit d’un bateau.

Je soupire et parcours les spécifications techniques. LeHelia 44 évolution. Un magnifique catamaran mariant de vraies qualités marines avec un confort bien supérieur aux monocoques classiques. Relativement léger, moins de onze tonnes avec 115 mètres carrés de toile, la bête est capable de dépasser les douze nœuds par vent de travers de vingt nœuds.

— J’ai engagé un architecte pour superviser la construction avec eux ; je ne tiens pas à couler au milieu de l’océan, précise Claire.
— Ils savent ce qu’ils ...