Le baume de l'âme (2)
Datte: 24/06/2020,
Catégories:
Divers,
Auteur: Anthynéa, Source: Xstory
... Clémence Tisserant.
— Et bien c’est une réunion de souvenirs ? Mon Dieu ! Clémence, que devient-elle ? Ça fait si longtemps que nous nous sommes perdues de vue. Quant à vous… notre pauvre Yann, si c’est pas malheureux, si jeune.
— Nous aurions, Madame, quelques questions, enfin le garçon là aimerait savoir…
— Entrons dans la maison, nous serons mieux assis pour discuter. Vous me renvoyez des années en arrière. Clémence… la guêpe ! C’était son surnom à l’école, à cause de sa taille tellement fine. Venez m’en dire un peu plus sur ce qu’elle est devenue. Mon Dieu, elle a un grand fils comme vous ! Je ne me serais jamais doutée qu’un jour j’aurais des nouvelles de « la guêpe »… je vous offre quelque chose à boire, un apéritif peut-être, c’est l’heure après tout. J’ai un vin de groseille, vous me direz ce que vous en pensez.
— Vous êtes gentille, merci. J’ai pensé longtemps que ma mère, Clémence, avait eu une liaison avec monsieur Sarran, mais apparemment je me suis trompé.
— Yann avec votre maman ? Oh ! Ils étaient bons amis, mais je crois qu’elle avait surtout un béguin pour un autre garçon de l’école. C’est si loin déjà tout cela.
— Je me prénomme aussi Yann, vous savez.
Gisèle versait un breuvage rouge dans des verres. Elle leva les yeux vers le gamin au bout de la table.
— Ben, y a rien de drôle là-dedans, si ?
Le jeune homme tentait de suivre le cheminement de l’esprit de cette femme qui avait côtoyé sa mère et vraisemblablement son père. Elle ...
... devait avoir des tas de secrets à lui narrer. Elle était dans ses souvenirs. Marjorie, elle, scrutait cette femme de l’âge se son mari. Elle était robuste, bien charpentée. Mais pas vraiment grosse, simplement solide, vosgienne jusque dans les moindres mouvements. Elle leva son verre et le poussa vers ceux de ses hôtes.
— À la vôtre !
Les deux frappèrent leur godet contre celui de Gisèle. Le garçon trempa juste le bout des lèvres dans la mixture sucrée, mais terriblement alcoolisée. C’était suave, épais, mais pas mauvais. Les dizaines de questions qui venaient aux lèvres de Yann se figèrent, en suspens, et la femme le regarda de plus près.
— Un beau gosse, qu’elle nous a fait là, notre Clémence. Yann ? Eh bien, comme son père alors ? Tous nous nous doutions qu’il s’était passé des trucs entre eux deux, mais personne n’en était certain. Vous êtes la preuve que nous avions raison.
— Mais ce n’est pas possible, mon mari n’a jamais pu avoir d’enfant. Les oreillons, vous savez…
— Oui nous les avons tous attrapés la même année. Et votre Yann, madame Sarran n’a pas eu de gosse à cause de cette saloperie ? Il faut dire aussi que son père c’était un dur. Pour voir le toubib, il fallait être à l’article de la mort chez le Gabriel ! L’année de nos onze ans, je m’en souviens comme si c’était hier. Bon sang que c’était douloureux, il a trinqué plus longtemps que les autres le gamin du Gaby…
— Alors comment est-ce possible que Clémence ait eu un enfant avec lui ? J’ai du mal ...