1. Sans fuir


    Datte: 10/06/2020, Catégories: prost, nonéro, Auteur: Sofie, Source: Revebebe

    ... L’air dans mes poumons se raréfie, je sens que je vais craquer, il faut pourtant que je m’en sorte. Dans ma tête, je n’ai plus qu’une idée, le frapper. Une fois, mais une bonne fois, pour pouvoir me libérer. Je me concentre sur cette action, le frapper, le frapper fort, peu importe l’endroit mais frapper pour survivre…
    
    Avant de m’exécuter, je ne prends aucune respiration, l’air est bien trop rare autour de moi. Ma main gauche part en direction du visage du Boiteux, ce n’est que quelques centimètres avant l’impact que je décide de ce que je vais réellement faire. Un éclair de lucidité, il faut bien le dire. Je réalise que je ne pourrai jamais faire vaciller mon tortionnaire, il est bien trop costaud. Il faut trouver une faille et qui ne nécessite pas une grande force. C’est là que je décide de tendre les doigts, les dirigeant vers, finalement, ce qui m’effraie le plus chez lui… ses yeux.
    
    Mon majeur rate la cible, de peu, mais mon index, lui, tape en plein dans le mille ! Le résultat est immédiat. La strangulation du Boiteux se relâche et il fait un pas en arrière. Un pas suffisant pour que je puisse me défaire de son emprise. Le Boiteux cesse de vaciller et se reprend une attitude de dominant. Le poing serré devant son visage, je devine rapidement ce qu’il va tenter de faire.
    
    Il part en courant presque, tant bien que mal vu son handicap. Au moment où il va abattre son poing sur moi, je fais un pas de côté, tout en agrippant un pan de sa chemise qui dépasse. Je ...
    ... m’agrippe dessus et fais contrepoids, tentant de le faire basculer.
    
    Nous entrons dans une danse dangereuse. Le Boiteux et moi virevoltons comme deux toupies. Soudainement, le Boiteux se prend les pieds, trébuche et tape de plein dos, la tête sur la rambarde en marbre. Il tombe dans l’escalier, roulant et cognant sur les marches. Le Boiteux, dans une série de jurons, atterrit en bas de l’escalier. Toutes les autres pensionnaires sont sorties sur le palier du haut et ont vu la scène. Aucune n’ose bouger et aller voir l’état dans lequel est le Boiteux.
    
    À côté de moi, tremble la colonne de marbre, elle semble désaxée. Elle vacille doucement, totalement libre de son socle. Ma main se pose dessus. Le boiteux comprend de suite où je veux en venir. Là, se passe une seconde inoubliable, jouissive. Celle qui change tout et que l’on n’oublie jamais, celle que l’on adore se remémorer dans les moments difficiles.
    
    Le Boiteux me regarde et dans ses yeux, pour la première fois, je vois de la peur et surtout de la faiblesse. Cette fois, c’est à son tour d’être dans la position du dominé, en position d’impuissance. Il tente de se relever mais un rictus de douleur apparaît sur son visage. Pas le temps d’hésiter, je donne une légère poussée sur la colonne qui bouge, et elle tombe emportée dans son mouvement. Mon regard se fixe sur le visage du Boiteux ou, pour être plus précise, sur ses yeux.
    
    Je les vois grandir au fur et à mesure que s’approche la colonne qui prend de la vitesse dans sa ...
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