Un merveilleux don
Datte: 08/06/2020,
Catégories:
bizarre,
Oral
Humour
fantastiqu,
fantastiq,
Auteur: Hidden Side, Source: Revebebe
... ne peux pas ! lançai-je enfin.
À ces mots, Konstantinos se renfrogna.
— Quelle tête de mule ! Vous êtes vraiment dur en affaires… Je comprends mieux votre épouse.
Il prit une longue inspiration avant de tirer de sa poche un minuscule sac de toile, qu’il brandit devant mon visage.
— Je vous propose de tester ce fameux « don d’inspiration » durant quelques jours. Sans contreparties. Mais attention, c’est ma dernière offre !
Un test sans engagement ? J’aurais du me méfier, bien sûr. Mais, par je ne sais quel hasard, je repensais justement au scénario d’Offengluck et consorts. Un peu d’aide ne serait pas de trop pour en venir à bout dans les temps…
— Où est le piège ? fis-je, sans quitter des yeux le petit sac brun.
— Il n’y a pas de piège. Si dans deux jours vous n’êtes pas convaincu, vous gardez votre épouse et moi je reprends mon don.
Le colifichet de Konstantinos me parut soudain irrésistible. Je tendis la main pour le toucher. Une certitude s’était enracinée dans mon esprit : cette fanfreluche pouvait réellement décupler mes aptitudes, m’assurer une réussite fabuleuse ! Il fallait à tout prix que je me rende maître de cette chose.
— Auparavant… objecta le gnome, en écartant prestement la main, j’aurais besoin de quelques gouttes de sang.
Avant que je ne puisse protester, il griffa l’air de sa plume d’oie, m’entaillant profondément le pouce. Une rigole pourpre dégoulina sur la nappe, dans laquelle il trempa la pointe effilée du pennage. Puis il ...
... me tendit la plume dégouttant d’hémoglobine.
— Si vous voulez le don, signez ce contrat. Comme il est inscrit en bas de page, une clause résolutoire permet de dénoncer tout bail qui n’aurait pas pris effet dans les 48 heures.
— Autrement dit… ?
— Vous avez l’opportunité de vous dédire sans autre forme de procès, dit-il, jouant négligemment avec le sac en toile.
Je n’ai jamais roulé sur l’or, ayant toujours été payé à la hauteur de mon talent. Et là, le Graal de tout romancier me narguait juste à portée de main : l’inspiration divine ! La clé d’un succès titanesque, indécent, la source de toute reconnaissance, tant du point de vue de l’argent que du sexe. Une âpreté inhumaine m’envahit. D’un geste vif, je paraphai le cuir du parchemin, y laissant la trace sanguinolente de mon forfait.
S’emparant du document, Konstantinos se hâta de le glisser dans sa poche. Puis il laissa tomber le petit sac brun entre mes mains avides.
— Profitez-en bien. Je vous retrouve chez vous jeudi soir !
ooOOoo
Une sonnerie lancinante me vrillait les oreilles. Le temps que je me redresse, le dos en compote, le téléphone avait cessé de beugler, passant le témoin au répondeur :
— Olivier, t’es là ? Réponds, merde !… Offengluck et ses sbires en ont marre d’attendre ! S’ils n’ont pas leur scénario jeudi, il faudra leur rendre l’avance… T’as entendu ? Magne-toi le cul et rappelle-moi, ok !
La petite pièce n’était plus éclairée que par l’écran de l’ordi. Offengluck ? Le scénario ? ...