Un merveilleux don - Histoires de Sexe

Un merveilleux don

... ?
— Je te rappelle, ok !
— Crois pas que tu vas t’en tirer comme ça…

Je raccrochai lentement, fixant l’intrus comme un fauve risquant de me sauter à la gorge d’un moment à l’autre.

— Qui êtes-vous ? grognai-je, sans pouvoir masquer mon inquiétude. Et comment êtes-vous entré ici ?

L’autre se contenta d’élargir son sourire, découvrant deux rangées de dents comme je n’en avais jamais vues. Petites, jaunes et très pointues… Une gueule de cauchemar, encadrée par une pilosité repoussante. Son visage entier semblait couvert de poils, jusqu’à l’extrême bord de fines lèvres s’écartant bien au-delà des possibilités humaines.

Une voix harmonieuse et grave s’éleva alors, en complet décalage avec l’aspect tarabiscoté de la chose :

— Je m’appelle Konstantinos. Et si je suis là, c’est pour vous prévenir que votre femme vous trompe.
— Quoi ? Écoutez, j’ai pas vraiment le temps de plaisanter…
— Ça ne vous intéresse pas, de savoir que votre épouse s’envoie en l’air quasiment sous votre nez ?
— C’est du délire !

Je le jaugeai d’un regard que j’espérais intimidant. Malgré sa petite taille, ce type me paraissait robuste. Il affichait l’air supérieur des gens sûrs d’eux, ce que confirmait sa petite grimace cruelle. Si l’on devait en arriver aux mains, je n’étais pas certain d’avoir le dessus. Trop d’heures passées devant l’ordi, trop de plateaux-repas avalés à même le bureau. Je regrettai soudain de ne pas être dixième dan de jujitsu ou n’importe quel autre sport de ...

... combat.

— Vous entendez ce que je vous dis, à la fin ? lança l’autre, d’un ton agacé. Je peux faire la preuve de ce que j’avance ! Là, tout de suite…

Sophie, me tromper ? Jamais elle ne me ferait ça. Ce type devait être un malade échappé de l’asile…

— Ma femme est au salon et regarde tranquillement la télé. Maintenant, vous allez me faire le plaisir de foutre le…

Tournant soudain les talons, mon inconnu me planta là. D’un bond, je me levai et cavalai derrière lui. Pas question de le laisser importuner Sophie ! En arrivant dans le living-room, je constatai que mon épouse s’était endormie, une jambe repliée sous elle. Moulée par un chemisier de soie, sa poitrine se soulevait avec lenteur. Debout derrière elle, l’espèce de satyre ayant interrompu la conversation avec mon agent me toisait avec morgue.

L’éclairage du salon, plus vif, me permit de détailler cet étrange visiteur. Une toison bouclée lui mangeait le visage jusqu’aux yeux, deux énormes billes qui me fixaient sans aménité. Il portait une chemise noire et un pantalon de cuir sombre se terminant… par des pieds de bouc ! Après un instant de flottement, je compris qu’il s’agissait de bottines à l’allure déplaisamment orthopédique. Une longue cape sombre complétait sa tenue, cachant en partie son corps contrefait.

— Bon, la comédie a assez duré ! soufflai-je le plus bas possible. Vous allez vous tirer d’ici, à présent !

Un doigt accusateur pointé sur Sophie, le type lança d’un ton cinglant :

— Ceci n’est PAS ...