1. Histoire des libertines (16) : « Décapitées » Le destin tragique de trois femmes adultères dans l'Italie de la Renaissance.


    Datte: 05/06/2020, Catégories: A dormir debout, Auteur: Olga T, Source: Hds

    ... héréditaire.
    
    POUVOIR FEMININ
    
    Chargées du bon fonctionnement de la maison, les épouses des seigneurs exerçaient une influence qui dépassait de très loin la sphère domestique privée à laquelle l'historiographie a longtemps réduit les femmes de la fin du Moyen Âge. Leur rôle ne se limitait pas non plus à permettre qu'à travers leur mariage, des richesses soient transférées et des alliances conclues, entre des familles qui devaient s'épauler mutuellement. Au moment où se développait une nouvelle administration liée à la personne du seigneur et où le pouvoir politique se concentrait dans sa maison, celle qui était la régisseuse de cette maison jouissait de prérogatives étendues.
    
    Il s'agit en réalité d'une question de pouvoir et d?une question de couple. Ces épouses de seigneurs du début de la Renaissance sont des femmes éduquées qui jouissent d'une grande autonomie, d'une position spécifique à la cour ; elles ont des pratiques de consommation, notamment artistiques, qui anticipent sur les grandes princesses mécènes de la fin du XVe et du XVIe siècle. Le fait d'être épouse du seigneur devient un statut à part entière, qui a un rôle à jouer dans la cour et dans la politique.
    
    LE REFUS DE LA LIBERTE DE LA FEMME
    
    Les formes institutionnelles et les structures sociales développées par des régimes de plus en plus personnels laissèrent d'importants espaces d'autonomie aux épouses des seigneurs. Cependant, les nouvelles libertés n'incluaient ni celle d'aimer hors du couple ...
    ... avec passion, ni celle de disposer de son corps.
    
    Béatrice fut selon toute vraisemblance accusée à tort. Parisina et Agnese tentèrent, elles, d'exercer un peu trop loin les capacités de choisir et d'agir qu'elles avaient acquises dans la sphère du gouvernement ordinaire de la maison et de l'État. Pour elles, les « faits » sont avérés, et alors ?
    
    Toutes trois furent « punies » par des maris qui refusaient une réelle indépendance. Rompant aussi brutalement qu'ostensiblement avec la loi commune, les seigneurs trompés ou prétendant l'être entendirent restaurer avec éclat leur autorité.
    
    « Décapitées » multiplie les angles d'approche : histoire du pouvoir et de la consommation, histoire de la culture intellectuelle et des affects, histoire des femmes et des violences masculines faites aux femmes, l'importance décisive des femmes dans la mise en place des nouvelles pratiques de consommation par lesquelles fut proclamée la supériorité incommensurable des familles princières sur le reste de la population. Mais après ce livre, il ne sera plus possible de passer sous silence le rôle actif des femmes dans les seigneuries de l'Italie de la Renaissance.
    
    LES LECONS
    
    A cette époque, comme aujourd'hui encore, on observe une répartition inégale des devoirs sexuels : l'impératif de fidélité ne pèse que sur la femme, tandis que l'homme peut faire ce qu'il veut (et se faire qui il veut). Ce modèle sexiste et tout à l'avantage du patriarcat reste encore largement en vigueur aujourd?hui. ...
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