Histoire des libertines (16) : « Décapitées » Le destin tragique de trois femmes adultères dans l'Italie de la Renaissance.
Datte: 05/06/2020,
Catégories:
A dormir debout,
Auteur: Olga T, Source: Hds
POURQUOI CE TEXTE ?
Je ne sais pas combien de fois ce texte sera lu, car il n'est pas dans la lignée de ceux qu'on publie ici, y compris de ceux que je publie. Je suis cependant convaincue que ce n'est pas parce qu'on aime les histoires érotiques et les textes hard que l'on est par définition incapable de s'intéresser à autre chose, à prendre le temps de réfléchir et de s'indigner, ne serait-ce que parce que la tragédie authentique que je vais vous raconter est liée à l'un des moteurs des récits publiés sur HdS : l'adultère féminin. Moi qui suis hypersexuelle, mais aussi passionnée d'histoire et de philosophie, c'est en tout cas ma conception et c'est pour cela que je propose ce texte à la publication sur HdS. L'esprit et l'intelligence ne sont pas incompatibles avec le plaisir !
Il s'agit d'un récit historique, qui est en même temps une fiche de lecture, inspirée par la lecture récente sur ma liseuse de l'ouvrage des historiens Elisabeth Crouzet-Payan et Jean-Claude Maire Vigueur : « Décapitées: Trois femmes dans l'Italie de la Renaissance. » (Editions Albin Michel 2018). J'ai aussi tenu compte de l'analyse qui en a été faite par JB Delzant : « Trois «affaires classées» éclairent le pouvoir des femmes au Moyen Age », dont je publie le lien :
https://www.nonfiction.fr/article-9445-trois-affaires-classees-eclairent-le-pouvoir-des-femmes-au-moyen-age.htm
UN CHATIMENT TERRIBLE ET INEDIT
J'ai choisi de présenter ce texte sous la rubrique « histoire des ...
... libertines» car il s'agit d'un destin tragique de trois femmes, à la fin du XIVème siècle et au début du XVème siècle, dans le Nord de l'Italie : Agnese Visconti (1363-1391), Beatrice de Tende (1372-1418) et Parisina Malatesta (1404-1425). Trois femmes mises à mort, en fait trois meurtres sous couvert d?exécutions qui avaient fait l?objet d?une certaine publicité, trois affaires qui rompaient avec les règles du jeu matrimonial, social et politique.
Cela est d'autant plus choquant, même dans cette période du Moyen-Age où l'adultère n'était pas en Occident sanctionné de la peine de mort, au moins en règle générale. Dans ces trois cas, pour la première fois, trois femmes, nées et vivant au plus haut de la société, sont exécutées pour avoir été adultères.
Cela ne veut pas dire que l'adultère féminin n'était pas sanctionné avec la plus extrême sévérité. La législation de Parme prévoit par exemple, à cette époque, que la coupable, qu'elle ait vécu sa faute d'une manière publique ou secrète, sera condamnée à perdre sa dot et à être publiquement fouettée, avant d?être conduite dans un monastère. Les sanctions furent terribles pour les princesses adultères de la Tour de Nesle, mais seuls leurs amants payèrent de leur vie leur « crime », par un châtiment barbare, parce qu?ils avaient osé avoir « attenté à l?honneur » des héritiers des fils de Philippe le Bel, moins d?un siècle auparavant. On se rappellera aussi le sort deux des épouses d?Henri VIII d?Angleterre, décapitées suite à une ...