Histoire des libertines (16) : « Décapitées » Le destin tragique de trois femmes adultères dans l'Italie de la Renaissance.
Datte: 05/06/2020,
Catégories:
A dormir debout,
Auteur: Olga T, Source: Hds
... innovations culturelles et politiques de leur temps, ces trois femmes vont payer leur audace de leur vie. Plutôt que de dissimuler leur infortune, les maris font le choix de rendre l?adultère public afin de réaffirmer, par l'éclat du châtiment, leur pouvoir et leur honneur et de rétablir leur implacable souveraineté.
C'est parce qu'elles étaient entrées dans la sphère du pouvoir politique que ces trois femmes accusées d'adultère eurent la tête tranchée : leur infidélité était devenue une atteinte à la souveraineté détenue par le couple seigneurial.
LES FAITS : TROIS ADULTERES ? TROIS FEMINICIDES !
Ces trois affaires sont des cas de féminicide, pratiquées par des princes qui voulaient se débarrasser de leurs épouses. Même si, dans le cas de Parisina on peut penser que la colère du Marquis cocu a été le premier motif de sa décision.
Ces femmes au coeur du pouvoir, parfois délaissées par leur mari, choisissent des amants parmi leurs familiers, transgressant ainsi l'ordre masculin qu'on leur impose. Mais la punition, quant à elle, réaffirme avec force ce pouvoir de l'homme sur la femme et vise à rétablir le contrôle du seigneur sur son image et son autorité.
Pour les trois femmes, les exécutions ne furent pas secrètes, mais discrètes : au petit matin pour Agnese, à la tombée du jour pour les deux autres.
AGNESE ET LE CHAMBRIER
Agnese Visconti, femme de Francesco Gonzague, alors âgée de 28 ans, est exécutée en février 1391, en compagnie de son amant ...
... Scandiano, qui sera pendu, après un «procès» devant un tribunal d?exception, voulu par Francesco et doté de tous les pouvoirs. Il s?est donc agi d?un simulacre de justice. Des servantes, appelées comme « témoins » livrent (sans pressions semble-t-il) sur les rencontres des amants, une foule de détails scabreux qui ne laissent aucun doute sur la nature de leur liaison : « Agnese et Scandino se comportaient comme deux amoureux qui ne peuvent se passer l?un de l?autre. Ils se livraient à tous les jeux, ils avaient l?un pour l?autre des gestes d?une extrême familiarité, ils aimaient s?embrasser, de toucher, se caresser, y compris là où c?est le plus excitant. ». L?une des servantes décrit un rapport sexuel complet entre la dame de Mantoue et son amant.
Ces lignes permettent ainsi d'imaginer les jeux érotiques d'Agnese et de Scandino en train de « bafouer l'honneur » du seigneur de Mantoue. Ce qui provoqua la vengeance du mari cocu.
BEATRICE ET LE JOUEUR DE LUTH
Beatrice, deux fois plus âgée que son mari Filippo Maria Visconti, épousée pour son argent et pour la force militaire qu'elle avait héritée de son premier mari, est décapitée en 1418, sans qu'on sache à coup sûr si l'accusation d'adultère était avérée.
Beatrice a-t-elle vraiment été l'amante d'un joueur de luth, qui fut exécuté sous ses yeux, quelques minutes avant d'être décapitée, le 13 septembre 1418 ? Je l'espère pour elle, espérant ainsi qu'elle se soit accordé le plaisir infini de copuler avec un mâle bien plus ...