Histoire des libertines (16) : « Décapitées » Le destin tragique de trois femmes adultères dans l'Italie de la Renaissance.
Datte: 05/06/2020,
Catégories:
A dormir debout,
Auteur: Olga T, Source: Hds
... jeune que l'amante.
Beatrice s'était mariée le 2 septembre 1403 avec Facino Cane de Montferrat, fameux et habile condottiere, qui se montra aimant et respectueux envers son épouse qui le lui rendit bien, l'accompagnant dans ses combats sans craindre le danger ou la fatigue. Malheureusement, Facino Cane mourut le 19 mai 1412 à Pavie tué le jour du massacre de Jean Marie Visconti par les nobles de Milan.
Filippo Maria Visconti, frère du duc assassiné, prend le duché de Milan. Il désira épouser Béatrice, veuve depuis peu, mais dont la dot pouvait faire oublier ses 25 années de plus, même si elle avait la réputation d'être restée une belle femme. En effet, elle apportait, en plus de sa fortune personnelle, celle de son défunt mari et toutes ses possessions territoriales (les villes de Novare, d'Alexandrie, de Verceil, de Tortona, le comté de Biandrate et le lac Majeur).
Poussée par l'archevêque de Milan, Béatrice accepta ce mariage avec Filippo Maria, mais aussitôt que celui-ci fut assis sur le trône ducal de Milan, son attitude envers son épouse changea radicalement. La vie de débauche et les liaisons avec ses jeunes maîtresses, mais aussi ses amants, car le duc était bisexuel, le poussèrent à envisager de se débarrasser de l'épouse gênante.
Filippo Maria imagina un stratagème ignoble (mais courant parmi la noblesse de l'époque), celui de l'amant. Il l'accusa d'avoir des pensées amoureuses envers un de ses familiers ; Michele Orombello, jeune et beau troubadour qui ...
... essayait de distraire la châtelaine par ses chants. Michele était un beau jeune homme, bon chanteur, excellent musicien, qui excellait dit-on dans l'art de plaire et dont, de toute évidence, Béatrice aimait la compagnie.
Le duc fit enfermer le jeune troubadour et deux demoiselles de compagnie de la duchesse au château de Binasco, et sous la torture les obligèrent à accuser leur maîtresse d'adultère.
Clamant leur innocence, Béatrice et le troubadour furent accusés et la sentence de mort fut prononcée. Béatrice fut transférée de sa prison de Milan à celle de Binasco le 23 août 1418 et, après des jours de souffrance et de torture, elle fut décapitée dans la cour du château le 13 septembre 1418, en compagnie de ses deux demoiselles d'honneur et du jeune Michele. Pensant peut-être sauver sa vie, Michele, sous la torture, avait fini par avouer, la duchesse lui reprochant sa lâcheté et proclamant avec force son innocence.
Dans l'affaire de Beatrice, l'époux meurtrier ne s'encombre pas d'un simulacre de procès, il y aura seulement une sentence prononcée par un juge aux ordres. Sa « justice » est encore plus expéditive que dans le précédent de Mantoue, à partir d'aveux obtenus par la torture, y compris pratiquée sur la malheureuse Beatrice.
Beatrice était innocente, l'histoire était montée de toute pièce par un mari désireux de se débarrasser de sa femme.
D'après de nombreux témoignages, Béatrice apparaît comme une femme intelligente et au courant des affaires de l'État. ...