Fin du monde sur canapé
Datte: 03/06/2020,
Catégories:
sf,
Auteur: Hidden Side, Source: Revebebe
... enfouissant son visage dans ses mains. Nom de Dieu, il l’a fait ! Il a balancé les missiles !
Les cheveux dressés sur la tête, une sueur glacée trempant sa nuque, Alain essayait de se persuader qu’il n’avait pas compris ce que le président voulait réellement dire, quand il parlait « d’actions menaçant le territoire national ». Pourtant, le sous-entendu était on ne peut plus clair : à l’instant même, des ogives thermonucléaires fonçaient vers la France, peut-être même vers Paris.
Les magasins du centre commercial étaient à présent le théâtre de scènes de pillage. Sa fille dans les bras, Élodie slalomait entre les casseurs, trop occupés à fracasser les vitrines pour leur prêter attention. Elle fuyait en direction du métro, tendue vers un unique but : mettre Manon à l’abri le plus vite possible. La déclaration du président avait agi sur elle comme une douche froide. Non seulement le danger les menaçant était réel, mais il pouvait se matérialiser d’un instant à l’autre ! Cette prise de conscience avait arraché Élodie à l’influence léthargique de sa transe télévisuelle.
Alors qu’elle détalait en compagnie d’une cinquantaine de personnes, un rugissement lui fit lever la tête. Fonçant à faible altitude, quatre avions de chasse venaient de passer au-dessus en formation serrée. Trois d’entre eux tirèrent une succession de roquettes vers un objectif invisible. Quelques secondes plus tard, l’impensable se produisit. Un flot de lumière blanche éclipsa la lueur faiblissante de ...
... l’astre du jour, éclairant comme en plein midi l’immense parking à ciel ouvert.
— Maman ! Maman ! hurla Manon, en désignant de son index potelé un point derrière Élodie.
L’épouse d’Alain s’arrêta de courir et se tourna dans la direction pointée par sa fille. Muette d’horreur, elle contemplait l’expansion fulgurante d’un minisoleil, une boule de feu en train de dévorer Paris et ses habitants. Elle n’entendit pas réellement l’explosion. Une violente douleur lacéra ses tympans et aussitôt le monde se réduisit à un bourdonnement sourd. De sa main libre, elle palpa son oreille droite puis observa avec un détachement morbide le sang couvrant ses doigts. Pendant ce temps, Manon, hystérique, se tortillait et lui balançait des coups de pieds dans les côtes. Finalement, une giclée d’adrénaline enclencha son instinct de survie. Fuir ! Elles devaient fuir, rejoindre le métro, s’enfouir sous terre le plus loin possible ! Quelques mètres à peine les séparaient du but. Manon toujours dans ses bras, elle s’élança à nouveau au milieu de la foule, sprintant pour sauver leurs vies.
Soudain, un énorme poing balaya la cohue gesticulante. Élodie, projetée au sol avec le reste des fuyards, tenta de se relever. Avec effroi, elle se rendit compte que cela lui était impossible ! Elle ne sentait plus ses jambes. À partir de la taille, seule subsistait une vague impression de chaleur, mêlée d’humidité. Juste à côté d’elle, un homme porta les mains à sa gorge, le regard incrédule. Ses doigts ...