Les visages de la guerre
Datte: 24/05/2020,
Catégories:
fhhh,
jeunes,
Partouze / Groupe
aventure,
Auteur: Calpurnia, Source: Revebebe
... candide, et elle a voulu que je lui explique tout. Ce que j’ai fait, avec douceur, avec émerveillement. Même si je savais n’être qu’une étape sur son chemin.
Le contraste des épidermes est saisissant : la peau de leur Vénus est d’une blancheur sans pareille. Elle héberge la vie en elle, naturellement, et cette joie déborde de ses yeux de lumière bleutée. Un mètre soixante-cinq de grâce éclaire le hangar sordide. La luminosité du diamant, la nuit de l’anthracite – les deux ne sont-ils pas faits du même élément carbone lentement mûri aux profondeurs de la terre ?
L’orgie commence, d’abord lentement, puis tout s’enchaîne avec une incroyable frénésie. Heidi se donne sans retenue. Et tous prennent ce qu’elle leur offre, sans comprendre le pourquoi. Avec des préservatifs, tout de même, qu’elle a prévus en grand nombre – mon amie n’est pas suicidaire. Elle suce les phallus qui se présentent, en se laissant pénétrer par le vagin, par l’anus. Incroyable Heidi dont l’hymen saigne d’un long filet sur ses cuisses. Elle ne jouit pas, mais se délecte de chaque seconde de ce moment de fièvre sexuelle.
Les soldats perdus se répandent encore et encore. Il me semble que leur rut n’a pas de fin. Leur faim de chair était trop grande pour trouver l’apaisement d’une seule décharge. Peut-être cherchent-ils à trouver la mort dans l’épuisement de trop d’étreintes ? Non, eux aussi ont la vie en eux. Elle était nichée au fond d’eux, ils la retrouvent, malgré l’épreuve et les souvenirs qui les ...
... hantent.
Heidi ne leur donne pas seulement son corps de jeune femme, mais aussi tout l’amour emmagasiné dans une famille unie. On aurait pu parler de fille de joie, si celle expression n’avait pas été dévoyée dans un autre contexte. Petit animal plein de vie, elle communique cette vie autour d’elle. Soudain, je vois dans le viseur de mon Leica s’illuminer le regard de ces garçons, comme une renaissance. Ils se tiennent la main entre eux, vivent dans l’instant, ne comprennent pas pourquoi elle est là. Au moindre bruit inhabituel, un avion passant à basse altitude, la chute d’un morceau de tôle ou de béton parmi les ruines à cause du vent qui se lève, ils sursautent et envisagent de se cacher, par réflexe de survie.
Deux d’entre eux jouissent ensemble dans la bouche d’Heidi en se tenant la main, fraternellement. Peut-être sont-ils vraiment deux frères. Je réalise tout à coup que tous sont des déserteurs et que certains sont issus du camp gouvernemental de Salva Kiir, d’autres du mouvement populaire de libération du Soudan de Riek Machar, les deux chefs ennemis, bien à l’abri dans leurs bureaux climatisés pendant que leurs armées s’affrontent. Les slogans martiaux les ont dressés, ethnie contre ethnie. Au-delà du pouvoir politique, l’enjeu est surtout la mainmise sur les puits de pétrole.
Les champs pétrolifères ! Nous les avons survolés ce matin, et je me souviens y avoir effectué un reportage. Loin d’être une manne, le sang obscur de l’économie mondiale est un fléau ...