1. Les visages de la guerre


    Datte: 24/05/2020, Catégories: fhhh, jeunes, Partouze / Groupe aventure, Auteur: Calpurnia, Source: Revebebe

    ... peut-être ceux qui ont affronté la Shoah. Chaque nuit, à travers leurs cauchemars, ils se demandent comment ils ont pu survivre en traversant tant d’inhumanité. Ce qu’ils pourraient raconter dépasse l’entendement. Mais il est trop tôt pour leur poser des questions. Peu sont blessés physiquement, mais dans leur regard, la folie de la guerre a brisé leur innocence. Ceci, de par mes pérégrinations autour du monde, je suis habituée à la rencontrer. Rarement avec une telle intensité. Je prends mon boîtier, choisis un objectif, le fixe avec fébrilité. La lumière est difficile : extrême à l’extérieur, elle se découpe en zones obscures à l’intérieur du bâtiment, comme tranchées au couteau par les bordures des fenêtres selon des dessins géométriques. Je renonce à l’usage du flash. Il faut savoir me faire discrète.
    
    L’odeur qui règne ici est particulière. Ce n’est pas celle des communautés masculines, les transpirations de testostérone des vestiaires de stade et des chambrées de casernes, mais celle de la misère mêlée à la peur. La plupart vivent presque nus, ou bien habillés des guenilles qui restent de leur uniforme. Plutôt que de poser avec ces treillis qui constituent des souvenirs douloureux, ils préfèrent se dévêtir devant nous. Ce qu’ils ont déjà fait, souvent, en présence de l’ennemi, dès que les gradés avaient le dos tourné. La guerre leur a appris qu’à défaut de posséder des vêtements civils, il vaut mieux être nu que revêtir une tenue qui trahit son camp, pour ne pas être ...
    ... la cible de snipers dès qu’on fait un pas en dehors du camp : ceux-ci évitent de risquer d’abattre un compatriote. Le pénis à l’air libre est un acte d’insoumission. Déserteur temporaire, un homme nu est simplement un homme, pas un partisan de X ou Y et encore moins un individu déguisé en une machine à tuer, froide et disciplinée.
    
    Les fusils restent entassés dans un coin sombre. Certains ont une croix dorée autour du cou, souvenir d’un baptême en famille, de parents aimants, d’un temps béni d’avant l’embrasement. Mais la guerre les a toujours menacés. Depuis le départ des Britanniques en 1956, cette région n’aura connu que dix ans de calme, entre 1972 et 1983.
    
    Heidi pose avec eux. Elle s’est mise à nue. Les garçons ont des verges tendues. Les Bull Nuers, avec leurs six scarifications rituelles sur le front, bandent sans faiblesse. Les Dinka aussi. La vie, la joie, malgré tout. Car elle est venue en premier pour cela : s’offrir à eux.
    
    À l’intérieur du hangar, il fait une chaleur à crever. Il me faut pourtant économiser l’eau de ma gourde, parce je ne sais pas quand je pourrai l’emplir à nouveau. Par contre, Heidi ne semble pas souffrir de la température. Ils ont commencé à la caresser, doucement. Elle est leur cadeau. Elle s’offre gratuitement. Ils n’en croient pas leurs yeux hagards. Elle est venue pour eux, spécialement. De surcroît, elle est vierge. Jamais personne ne l’a déshabillée. Sauf moi, qui n’aime pas les hommes, sexuellement parlant : elle était totalement ...
«1...3456»