1. Le noir à la puissance noire


    Datte: 24/05/2020, Catégories: collection, nonéro, confession, mélo, portrait, Auteur: Catherine, Source: Revebebe

    ... grande d’ailleurs que l’on ne reverra jamais la petite ni son père, disparus dans la nature et probablement retournés au bled, d’après les voisins. Et dire qu’à dix minutes près, tout aurait pu être différent et la gamine aurait pu être sauvée…
    
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    La petite Sophie a trois mois lorsqu’elle arrive chez Madeleine, dans ce que l’on n’appelle pas encore une famille d’accueil. La mère ? Elle est en prison. Le père ? Lui, par contre, s’est fait la belle bien avant que la môme ne vienne au monde.
    
    Une enfance sans histoire, mais avec ce qui fait la force et la faiblesse du principe de la famille d’accueil : la gamine est considérée comme un autre enfant de la maison, avec des parents qui ne peuvent pas l’adopter puisque la mère n’est pas décédée et a décidé de garder ses droits sur sa fille.
    
    Quinze ans se passent ; la mère réapparaît. Finie, la taularde alcoolo jusqu’aux oreilles : la dame se pointe en voiture de luxe et avec un manteau de vison. Elle s’excuse autant qu’elle le peut, explique qu’elle était partie à l’autre bout de la Terre, revient revoir sa fille plusieurs fois, s’épanche sur son mari plein aux as et j’en passe.
    
    — Pourquoi ne viendrais-tu pas passer quelques jours dans notre hôtel particulier du seizième ?
    
    De toute façon, Madeleine ne peut pas s’y opposer : elle n’est pas sa mère, et puis pourquoi se méfierait-elle ? On a tous le droit de faire des erreurs dans sa jeunesse…
    
    Le dimanche suivant, Sophie devait revenir par le train, ...
    ... mais elle n’est pas à la gare. L’a-t-elle raté ? Madeleine attend le second, puis le troisième, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de trains.
    
    Deux jours plus tard, toujours personne. Elle va donc voir les gendarmes, qui prennent sa déposition sans s’y attarder, promettent de s’en occuper, mais ni Sophie ni sa vraie mère ne réapparaissent. Certes, la mother a effectivement habité pendant quelques mois dans le seizième, mais elle a disparu et personne n’a jamais vu Sophie.
    
    Ce n’est que quelques mois plus tard que Madeleine reçoit la visite d’un de ses voisins : il a croisé Sophie à Paris… sauf qu’elle était en train de faire le tapin ! La gamine a reconnu le voisin, s’est précipité dans ses bras, l’a supplié de la sortir de là, d’aller voir les condés, de prévenir sa mère… L’ennui, c’est que deux types sont alors sortis de la pénombre et ont consciencieusement ravagé la gueule du voisin qui est resté deux semaines à l’hôpital.
    
    Faisons court : Madeleine n’a jamais revu Sophie, et a fini par en mourir de chagrin. Quant aux flics, on se demande encore aujourd’hui si leur enquête a seulement jamais commencé.
    
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    On est juste après la guerre… Avec son conjoint, Maryvonne tenait un tabac depuis des années lorsque son mari a été raflé et déporté en Allemagne sans que personne ne sache ni où ni pourquoi. Dès lors, que faire ? Eh bien, ce petit bout de femme d’un mètre cinquante, mère de deux enfants en bas âge, va gaillardement reprendre seule le commerce. Mais en ...