1. Asexuelle


    Datte: 20/05/2020, Catégories: amour, nopéné, Auteur: Martin, Source: Revebebe

    Vendredi dernier, Hugues est rentré tard d’un interminable dîner d’affaires. À trois heures trente-huit du matin, pour être tout à fait précise. Il s’était chaotiquement déshabillé et glissé à côté de moi sous la couette. Puis, il s’est amoureusement lové contre mon dos, comme il le fait à chaque fois qu’il rentre un peu éméché. J’aime sentir son corps chaud contre moi, mais là, j’ai dû arrêter sa main qui entamait déjà une parade amoureuse sur ma fesse.
    
    — Non, mon chéri, il faut dormir, ai-je murmuré.
    
    Il n’insista pas, comme d’habitude, et trouva rapidement refuge dans les bras de Morphée.
    
    Soudain, j’ai remarqué que, de mon mari, n’émanaient pas seulement de puissants relents d’alcool, mais aussi une odeur diffuse de parfum féminin. Adieu, ma nuit ! Bonjour, l’angoisse !
    
    Le lendemain matin, comme chaque matin, nous avons déjeuné tranquillement tout en discutant et en lisant nos mails. J’observai Hugues pendant qu’il se préparait un toast : rien de concluant, juste une légère carence en énergie. Sans doute avait-il mal aux cheveux. Il m’avait bien parlé de la soirée précédente, mais pendant un moment, j’ai envisagé de le couper net et de lui poser sans détourLA question qui me taraudait depuis trois heures trente-huit du matin. Il ne mentirait pas, je le savais, et c’est pourquoi… je me suis tue, dans toutes les langues.
    
    S’il était arrivé quelque chose avec une autre femme, je ne voulais pas le savoir. Ça a toujours été mon principe depuis que j’ai dit à ...
    ... Hugues que je ne voulais plus faire l’amour avec lui. Pourquoi devrais-je y renoncer maintenant ?
    
    Quand nous nous sommes promenés dans la campagne durant l’après-midi, je n’y ai même plus pensé. Vraiment ! Pas plus que lors du verre de vin pris amoureusement ensemble dans le seul café encore ouvert en cette saison. Je suis très heureuse d’avoir gardé le silence parce qu’il y a certainement du bon dans mon ignorance. C’est comme ça que je le veux, aussi étrange que cela puisse paraître.
    
    Je me souviens exactement de la première fois où j’ai entendu parler de sexe. J’avais neuf ans. Ma petite voisine de dix ans m’avait raconté dans le détail comment les enfants sont conçus. L’histoire m’avait totalement horrifiée, je m’étais bouché les oreilles tout en chantant à tue-tête pour ne plus rien entendre de ces abominations. Quand j’ai vérifié les dires de ma copine auprès de ma mère et ai marqué mon profond dégoût, elle a ri de mon attitude.
    
    — Crois-moi, ma puce, ce n’est pas aussi terrible que tu le penses maintenant, tu le sauras plus tard, avait-elle répondu avec toute la tendresse d’une maman.
    
    Ce« plus tard », je l’ai attendu longtemps. Durant ma puberté, toutes mes amies ont tout naturellement commencé à s’intéresser aux garçons. Moi aussi, mais elles chuchotaient continuellement des cochonneries à leur sujet en imaginant ce qu’elles pourraient bien faire au lit, ou n’importe où ailleurs, avec eux. J’étais confuse à chaque fois. Je ne me souciais vraiment pas de ce ...
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