1. Asexuelle


    Datte: 20/05/2020, Catégories: amour, nopéné, Auteur: Martin, Source: Revebebe

    ... pas au sexe. Ces personnes le ressentent comme non-naturel, désagréable, voire insupportable. J’ai lu des expériences d’autres femmes, mais aussi d’hommes, et je me suis pleinement reconnue. J’ai pleuré. J’ai même beaucoup pleuré. Le fait de découvrir tous les sentiments contre lesquels je luttais depuis si longtemps, écrits là, noir sur blanc, était une révélation totalement inespérée. Je me suis sentie reconnue et renforcée. Je pouvais enfin abandonner mes sentiments d’infériorité.
    
    Cependant, cela aggravait encore mon aversion sexuelle. Peu importe combien j’aimais Hugues, et peu importe combien j’aimais notre famille, je n’en pouvais tout simplement plus. Si je me respectais et respectais mon propre corps, je n’aurais plus à m’imposer ce maudit sexe, et tant pis pour ce que cela signifierait pour mon mariage.
    
    Hugues et moi avons beaucoup parlé. Grâce à l’article et aux informations supplémentaires recueillies sur Internet, il a pu mieux comprendre ce qui me tourmentait depuis toujours. Pour lui aussi, c’était un soulagement : il avait compris que cela ne dépendait pas de lui, ni même de ma propre volonté. Il m’avoua que jusqu’alors, il croyait qu’il n’était pas assez attrayant pour moi, qu’il s’y prenait mal au lit, ou que je ne l’aimais pas vraiment. Un temps, il m’avait même imaginée grimpant d’une manière obscène au rideau avec un amant, un grand black monté comme un satyre.
    
    La virilité de mon époux en avait pris un sacré coup. Virtuellement castré était son ...
    ... expression.
    
    C’était libérateur pour lui de pouvoir se laisser aller. Même la décision de ne plus faire l’amour redevient libératrice, a-t-il déclaré. Maintenant, il n’avait plus besoin d’espérer, de rêver de cette courte période de sexe tous les mois environ. Mais serait-il toujours capable de s’en passer ? Il ne pouvait pas promettre ça, dit-il honnêtement. Il était certain qu’il ne voulait pas me quitter : nous nous entendions bien, étions heureux et offrions un refuge à nos enfants. Il ne voulait pas abandonner ça.
    
    J’en étais très heureuse. Nous avons décidé ensemble de mettre le sujet de côté pour le moment. Je n’aurais jamais pensé que c’était possible.
    
    Nous en avons cependant reparlé une fois. C’était deux mois après avoir lu l’article. Hugues m’avait semblé plus nerveux que d’ordinaire. Je pensais qu’il était en manque de sexe. Je lui ai dit que je comprendrais si de temps en temps il allait chercher un peu de plaisir à l’extérieur.
    
    — Pour ton hygiène, avais-je bêtement ajouté. Que ce serait sans problème pour moi tant que ce n’était pas une vraie histoire d’amour, et que ce ne devenait pas une menace pour nous.
    
    J’y avais bien réfléchi. Je savais que je prenais le risque de le perdre un jour. Mais je ne voulais pas que Hugues éprouve un sentiment de culpabilité s’il allait voir une femme pour assouvir ses besoins sexuels. Ce ne serait pas juste envers lui. Une chose était sûre : je ne voulais rien savoir le jour où cela arriverait. Mais même aujourd’hui, ...
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