1. 55.1 Les envies de Jérém (troisième du nom).


    Datte: 20/04/2020, Catégories: Entre-nous, Les hommes, Auteur: Fab75du31, Source: Hds

    ... une immense respiration et s’exclamer, dans une profonde expiration, comme une délivrance :
    
    « Ah putain, jamais je n’ai joui aussi… ».
    
    Ses mots s’arrêtent là, comme un coup de frein impromptu à un élan qui a dû lui paraître soudainement trop risqué. Le silence qui suit est assourdissant. La frustration, insupportable.
    
    Puis, très vite, comme s’il se trouvait mal à l’aise, le bogoss se retire de moi, se lève, il repart fumer à la fenêtre.
    
    Je le regarde en train de fumer, l’épaule appuyée au montant de l’encadrement de la fenêtre ; et je suis happé par son dos, son cul musclé, ses cuisses puissantes, ses mollets de sportif.
    
    « Alors, le défi est relevé ? » je l’entends me balancer à brûle-pourpoint.
    
    Il me faut un petit instant pour comprendre qu’il fait référence à ma petite blague de tout à l’heure sur le « type » qui m’a fait des marques dans le cou ; oui, il me faut un petit moment pour réaliser de quoi il parle, d’autant plus que mon esprit tout entier bute désormais inlassablement sur ce début de phrase tronquée, comme un orgasme raté : « Ah putain, jamais je n’ai joui aussi… ».
    
    « Grave, tu te surpasses à chaque fois ! » je trouve le moyen de le flatter, lorsque je comprends enfin le sens de sa question.
    
    Je crois bien que le bogoss joue encore les diversions : ce qui n’apaise pas pour autant ma curiosité implacable. Si bien que, bien avant que sa cigarette ne soit arrivée au bout, je ne peux m’empêcher de lui demander :
    
    « T’as jamais joui aussi ? ...
    ... ».
    
    « Aussi quoi ? ».
    
    « T’as dit que t’as jamais joui aussi… ».
    
    « Je ne sais plus… ».
    
    Il m’énerve.
    
    « Ça t’arracherait la gueule de dire que t’as pris ton pied comme jamais ? » je feins de m’emporter, à moitié agacé.
    
    « Ça va les chevilles, toi ? » fait-il avec son rire moqueur.
    
    Mon bobrun est peut-être champion dans l’art de la diversion ; mais moi je suis en train de passer maître dans l’art de changer de fusil d’épaule. Nouvelle stratégie : flatter son ego de mâle, tout en frappant avec les mêmes armes que l’ennemi.
    
    « J’ai adoré tout ce que tu m'as fait pendant ton kif de l’autre jour, c'était puissant, c'était bon et… ».
    
    « Et… ? » fait le bogoss, curieux.
    
    « Tu vois, c’est chiant les phrases coupées… ».
    
    « T’as adoré comme je t’ai baisé… » fait le bogoss, sûr de lui.
    
    « J’ai adoré, oui… ».
    
    « Ça tu aimes, te faire baiser… ».
    
    « Me faire baiser par toi… ».
    
    « Je te baise bien… ».
    
    « Ca n’a jamais été aussi bon que pendant ce kif… et depuis ce kif… ».
    
    « Je t’ai baisé comme toutes les autres fois… ».
    
    « Non, c’était différent de toutes les autres fois… »
    
    Le bogoss se tait. Je décide d’y aller franco :
    
    « Tu m’as baisé et fait l'amour en même temps… ».
    
    « Si tu le dis… ».
    
    Le bogoss finit sa cigarette, l’écrase sur le rebord de la fenêtre et jette le mégot dans la poubelle à côté de mon petit bureau. Il s’étire. Il se retourne, il s’étire encore, tout en portant les mains derrière la tête ; les aisselles finement poilues se ...
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