1. La collègue est morte


    Datte: 07/04/2020, Catégories: nonéro, Auteur: Lilas, Source: Revebebe

    ... l’invraisemblance de ses propres propos.
    — Je… je ne sais pas. Je dormais. Ma mère m’a téléphoné, et ça m’a réveillé. Le… la porte est fermée à clef… puis j’ai vu… j’ai vu le sang. Oh docteur, pouvez-vous venir ?
    — Vous… vous avez fermé votre porte ? répéta le docteur, complètement abasourdi. Et on vous a poignardée ? Madame Hendrowks ?
    — Je crois oui.
    
    Autre silence.
    
    — Donnez-moi votre adresse, n’ouvrez à personne d’autre que moi ! s’écria-t-il d’une voix anxieuse et pressante. J’arrive ! (Mina lui donna l’adresse et il eut une exclamation de colère.) Bon sang, vous habitez à l’autre bout de la ville ! Prenez un calmant, je ne serai pas là aussi vite que je le voudrais. Attendez l’ambulance que je vais appeler en même temps que la police, et surtout, prenez quelque chose qui vous calme !
    
    Et il raccrocha. Mina se dit que c’était lui qui devrait se calmer. Elle, malgré tout, se sentait assez calme. Façon de parler.
    
    Aussi faible qu’un nouveau-né, elle réussit à se tirer jusqu’à sa chambre, percluse de douleurs. Avant de retourner au lit, elle prit soin de fermer la porte de sa chambre à clefs, et de coincer une chaise sous la poignée.
    
    Elle agissait comme dans un rêve. Peut-être en était-ce un ? Peut-être allait-elle se réveiller et découvrir que tout ceci n’était qu’un cauchemar ? Elle se mit au lit très doucement, pour ne pas réveiller plus encore ses douleurs et ses plaies. Le peignoir commençait à être taché de sang lui aussi.
    
    La joue contre le ...
    ... matelas, elle gardait les yeux fixés sur la porte, essayant de penser à autre chose d’agréable. Leur lune de miel. La nuit de leurs noces. Elle s’était acheté un déshabillé rose comme il aimait. Oui, elle se rappelait, à présent, le déshabillé rose, et le champagne, David qui rit doucement et qui lui raconte une blague, David qui lui dit qu’il l’aime si fort et…
    
    Tu m’as tuée
    
    Avec un sursaut, Mina fut tirée de ses pensées par une voix surnaturelle. Elle se redressa immédiatement, le souffle coupé. Le bruit de voix cessa.
    
    Son regard se porta brutalement sur la porte.
    
    Elle était grande ouverte.
    
    Mina se leva lentement, en proie à une terreur indicible. Elle laissait échapper de tout petits cris terrifiés, comme un animal en cage. À pas prudents et mesurés, le corps frissonnant d’effroi, elle se rendit dans son entrée et voulut ouvrir la porte. Il fallait avertir les voisins, ce n’était pas possible ! Un maniaque s’était sûrement infiltré chez elle !
    
    Mais elle eut beau retirer le verrou, la chaîne de sécurité, tourner la clé, la porte ne s’ouvrait pas. Elle cogna des mains et des pieds, faiblement, contre le bois, appelant à l’aide, pleurant à gros sanglots terrifiés. Quelque chose bruissa alors derrière elle. Elle se retourna d’un bloc, les yeux hallucinés, voilés. Il faisait noir dans la cuisine, mais elle crut voir quelque chose bouger. Très doucement. Près de l’aquarium. Elle poussa un gémissement effrayé, bondit jusqu’à sa chambre en quatrième vitesse malgré les ...