1. La collègue est morte


    Datte: 07/04/2020, Catégories: nonéro, Auteur: Lilas, Source: Revebebe

    ... respiration de plus en plus pantelante, frisant l’hystérie. Son pyjama de soie autrefois gris perle était rouge sur la majeure partie du vêtement. C’était donc du sang qu’elle avait senti sous son pyjama dès qu’elle s’était éveillée, pas de la transpiration.
    
    Tout son corps saignait.
    
    Mina éclata brusquement en sanglots et courut jusqu’à sa chambre. La moquette était imbibée de traces de sang. Ses draps également. Elle en avait mis absolumentpartout. Malgré la douleur extrême qu’elle éprouvait dans chaque partie de son corps déchiqueté, Mina enleva son pyjama souillé (ce n’était pas facile car ses mains étaient assaillies de soubresauts) le mit dans de l’eau froide, dans la salle de bain. Puis elle tenta de faire le vide dans son esprit survolté et épouvanté tandis qu’elle ôtait ses draps du lit, en mettait des propres, lavait le carrelage et la moquette (le sang resta sur la moquette), jetait ses chaussons trempés dégoulinants eux aussi. Puis elle s’inspecta, nue, devant le miroir.
    
    Et poussa un cri pitoyable.
    
    Tout son corps était douloureux, couvert d’entailles comme ses pieds et ses mains.
    
    D’où venaient ces coups… de quoi ? De couteaux ?
    
    Quelqu’un l’avait poignardée ?!
    
    En poussant des plaintes douloureuses, Mina se traîna dans le couloir, jusqu’au vestibule. La porte était toujours fermée, les verrous tirés, la chaîne de sécurité enclenchée. Personne n’avait pu entrer. Elle fit péniblement le tour de l’appartement. Personne n’y était caché. Les ...
    ... fenêtres, toujours closes.
    
    Personne n’avait pu entrer !
    
    Alors Mina fit halte sur ses pensées, prit une douche, se lavant consciencieusement, agitée de tremblements convulsifs. Lorsqu’elle eut fini, elle s’enveloppa dans un grand peignoir qui appartenait à David – David qui n’était toujours pas rentré – revint dans la cuisine, prit le téléphone et fit le numéro du docteur qui lui avait conseillé d’appeler si elle avait des problèmes.
    
    Elle avait des problèmes.
    
    Au bout de huit longues sonneries, elle entendit une voix pâteuse à l’autre bout du fil.
    
    — Docteur Jenet ? dit-elle précipitamment. C’est Mina Hendrowks, vous savez, celle qui a écrasé une fille avec sa voiture.
    
    Curieuse expression.
    
    — Oui, oui, je me rappelle, madame Hendrowks, dit le docteur d’une voix ensommeillée. Que se passe-t-il ?
    — Je… j’ai peur docteur, murmura Mina d’une voix à peine audible. Pouvez-vous venir ?
    
    Il y eut un silence. Puis le docteur parla d’une voix beaucoup plus éveillée.
    
    — Que se passe-t-il, madame Hendrowks ? Vous êtes seule chez vous ? Je vous avais dit de ne pas rester seule !
    — Je suis seule… je… je saigne. Partout. J’ai tellement mal… On dirait… on dirait qu’on m’a donné… des coups de couteau.
    — Des… coups de couteau ? Madame Hendrowks ?
    — O…Oui.
    
    L’homme paraissait stupéfait, et soudain très inquiet. Elle était très inquiète aussi.
    
    — Etqui vous a donné des coups de couteau, madame ? demanda alors le docteur, et dans sa voix, elle perçut son saisissement et ...
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