Covoiturage improvisé
Datte: 27/03/2020,
Catégories:
fh,
fplusag,
hotel,
cérébral,
revede,
confession,
nostalgie,
amiamour,
Auteur: Mimi6c, Source: Revebebe
« Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître » chantait Charles Aznavour. L’histoire que je vais vous raconter se situe dans le début des années quatre-vingt-dix. À cette époque de ma vie, j’étais employé par une société d’ingénierie et intervenais chez nos clients en délégation de personnel. Tous les matins je partais travailler dans ma caravelle « Coach » Volkswagen, un véhicule exceptionnel dans lequel vous dominez la route puisque vous êtes placés plus haut que le commun des automobilistes. Accessoirement, aux feux rouges, ma position m’offrait aussi de charmantes perspectives sur les cuisses des belles conductrices lyonnaises arrêtées sur ma gauche.
Ce jour-là, comme chaque matin je montais dans mon « camion », direction La Part-Dieu. Au détour de la rue, à l’arrêt de bus, une jeune femme un peu affolée me faisait des grands signes. Je m’arrêtai et descendis la vitre côté passager.
— Bonjour,
— Oh bonjour, vous n’allez pas vers Bellecour, je suis très en retard et j’ai raté mon bus !
Je ne passais généralement pas par là pour rejoindre le quartier de La Part Dieu, mais je ne pouvais pas laisser cette jolie femme dans l’embarras.
— Il n’y a pas de problème, je peux vous déposer.
— Comme c’est gentil, je vous remercie beaucoup, dit-elle en ouvrant la portière et escaladant les deux marches d’accès à l’habitacle.
Une fois installée et ceinture bouclée, je pris la direction du centre-ville.
Elle m’expliqua que cela ...
... faisait déjà deux ou trois fois qu’elle arrivait en retard depuis le début du mois et que son patron, pas très cool, l’avait dans le collimateur. Elle me complimenta sur le confort de mon « 4x4 » et je n’osai pas lui dire que ce n’était pas un véhicule à transmission intégrale, d’une part parce que ce type de véhicule avait l’air de l’impressionner et d’autre part je n’avais aucune intention de rentrer dans une conversation technique, la mécanique n’ayant jamais été mon fort.
Le trajet se passa de manière plaisante, passant en revue la météo, pas terrible en ce début de printemps, les difficultés liées à la circulation relativement dense en direction du centre-ville, quelques anecdotes sur les habitants du quartier où elle était visiblement bien plus impliquée que moi. Ce babillage léger eut le don de faire passer très rapidement les vingt minutes qui nous permettaient d’atteindre la célèbre place Bellecour, la belle place lyonnaise dont les dimensions dépassent celles de la place Rouge à Moscou ou celles du Zocalo de Mexico.
— Je vous dépose au feu, au bout de la place si cela vous convient ?
— Bien sûr, ce sera parfait, c’est vraiment très gentil de votre part.
Je me garai en double file au bout de la place, la Saône étant derrière nous. Si vous vous arrêtez aujourd’hui à ce niveau, vous serez devant « l’Institut », le restaurant-école ouvert au public créé par Paul Bocuse, qui permet aux étudiants de s’exercer en situation réelle de cuisine et de service. Mais à cette ...