1. Rat des villes, rat des champs (1)


    Datte: 18/03/2020, Catégories: Gay Auteur: D3lta, Source: Xstory

    ... certain. Comme vous m’avez l’air assez jeune...
    
    Il éclate de rire.
    
    — Ahah ça t’en bouche un coin ça, hein ! J’ai 26 piges et j’suis déjà mon propre patron. C’est l’avantage de la campagne, ça. Quand c’est à notre tour de prendre les rennes, on les prend. On a pas besoin d’attendre que l’ascenseur social fasse son boulot, comme pour vous...
    
    Il finit son verre de punch et commande déjà une autre tournée.
    
    Au quatrième verre, je n’ai toujours pas réussi à tirer quoi que ce soit de Greg. Il se contente de boire et de fournir des réponses laconiques à mes questions. De mon côté, tout ce ti’punch cumulé aux bières que j’ai descendu dans l’après-midi commencent à me faire tourner la tête, et je sens que je commence à ne plus être en possession de tous mes moyens.
    
    — Ecoutez, Greg... je tente alors qu’il commande à nouveau un verre. Je dois me lever tôt demain, et vous m’aviez promis que ce rendez-vous serait concluant, alors si on pouvait...
    
    — Roooh, arrêtes de te plaindre ! Tu vas travailler demain, mais ça va être pour coller ton cul sur une chaise de bureau et rentrer chez toi à 17 heures. Alors viens pas me dire que tu es fatigué d’avance.
    
    — Vous avez raison, mon travail est bien moins exténuant que le vôtre, c’est sûr mais...
    
    — Dis pas ça, tu connais rien de mon boulot. Et si tu veux mon avis, t’en as strictement rien à battre. J’me trompe ?
    
    — Mais non pas du tout, je...
    
    — Tout ce qui t’intéresse, c’est de me vendre ton truc et de rentrer chez ...
    ... ton boss comme un bon toutou qui a ramené la balle. Tu t’en branles de l’agriculture, et vu la tête que tu faisais quand tu es venu me voir cette après-midi, je dirais même que ça te file la gerbe, tous ces paysans et ces bouses.
    
    Je ne réponds pas. Je ne peux pas nier qu’il a entièrement raison, mais si je l’avoue le contrat me passera sous le nez à coup sûr.
    
    — Y a qu’à voir ! Continue-t-il sur sa lancée. Ca va faire plus d’une heure qu’on est assis là, et t’as rien fait d’autre que de me poser des questions pour ton site de merde, là. Alors tu sais quoi, c’est à mon tour, maintenant, de te poser des questions.
    
    — Mais je vous en prie, je suis ouvert à la discussion.
    
    — T’a déjà baisé une campagnarde ?
    
    — Euh... pardon ?
    
    — Une campagnarde ! T’en a déjà fourré une ? Attention, une vraie hein, celle qui sont de l’autre côté du périph ça compte pas. La banlieue, c’est pas la campagne.
    
    Je ne comprends pas trop pourquoi il se met à me poser ce genre de questions, mais je suis trop fatigué pour le lui demander, et trop ivre pour lui résister.
    
    — Oui, une fois ou deux... je réponds, honnête. Je me souviens d’une soirée dans le Lubéron pendant des vacances avec mes parents, j’avais couché avec la fille d’un couple d’amis qui vivent là-bas.
    
    — Ahah, c’est autre chose que ces pète-sec de la ville, hein ! Les filles de la campagne, elles ont pas froid aux yeux...
    
    Je bois une gorgée de mon verre, ce souvenir étant trop lointain pour que je me souvienne des ...
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