Rat des villes, rat des champs (1)
Datte: 18/03/2020,
Catégories:
Gay
Auteur: D3lta, Source: Xstory
... bureau demain matin avec non pas une demande de devis mais carrément un contrat, Pikcel m’accueillera en héros. Et avec un peu de chance, je n’aurai plus à jouer les commerciaux.
— Si je ne vous attends pas pour rien et que je ressors d’ici avec quelque chose d’intéressant.
— Promis mon gars, si t’es là ce soir je te donnerai exactement ce que tu veux. Nous, les cul-terreux, on a qu’une parole.
— Dans ce cas... marché conclu.
Je tends la main, qu’il me serre si fort de sa main calleuse que je sens mes phalanges craquer.
— Hé Fredo ! Lance l’homme à l’un de ces collègues un peu plus loin. Tu peux me filer ton accréditation pour ce gentil Monsieur ? Lui et moi on doit parler affaires ce soir.
Le Fredo en question lui lance un badge avec un rire gras.
— Tiens, sans ça tu pourras pas foutre les pieds dans le salon après l’horaire de fermeture.
— Merci. Et bien à tout à l’heure, dans le hall 5...
— Ouais, c’est ça...
Il retourne à sa bête sans rien ajouter et je me replonge dans la marée de visiteurs en me demandant comment je vais bien pouvoir occuper les quelques heures qui me séparent de mon rendez-vous.
***
L’endroit est un peu plus respirable une fois que les visiteurs quittent peu à peu les lieux. Il n’est pas plus agréable - l’odeur de merde, elle, reste quoi qu’il arrive - mais on a déjà beaucoup moins l’impression de suffoquer.
J’ai occupé tant bien que mal mes longues heures sur le salon, principalement en goûtant des bières aux ...
... différents stands du hall ’’Régions de France’’. Plusieurs fois j’ai été tenté de quitter le salon pour n’y revenir qu’à l’heure du rendez-vous, mais je me connais suffisamment pour savoir que si je partais d’ici, je n’y remettrais jamais les pieds. Et malgré tout, je ne voulais pas passer à côté d’un contrat.
Le Hall 5 est celui dédié aux outres-mers et aux cuisines du monde. Comme me l’avait indiqué le fermier, tous les bars sont pris d’assaut malgré le départ des visiteurs. Des odeurs d’épices et de vanille flottent dans l’air. De la musique créole sort d’enceintes disséminées un partout et j’entends de-ci de-là des tenanciers annoncer qu’ils payent leur tournée. Je mets dix bonnes minutes avant de repérer mon client, accoudés à l’un des bars. Il est tel que je l’ai laissé, toujours vêtu de sa salopette.
— Ah tiens ! V’là WebMachin ! S’écrit-il tandis que je m’assieds sur le tabouret à côté de lui.
— C’est Ludwig, je réponds. D’ailleurs vous, vous êtes Monsieur...
— Greg. Juste Greg. Les Messieurs c’est pour les culs serrés de la Capitale. Un ti-punch ?
Je hoche la tête et Greg hèle une des serveuses qui pose deux verres pleins à ras bord devant nous.
— A la tienne, WebMachin !
Il cogne son verre contre le mien et boit un long trait avant de s’essuyer la bouche avec le poignet.
— Au fait, je n’ai pas pensé à vous le demander tout à l’heure, vous êtes le gérant de votre exploitation ?
— Ouep, c’est moi. Pourquoi ?
— Non, juste pour en être ...