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Rat des villes, rat des champs (1)
Datte: 18/03/2020, Catégories: Gay Auteur: D3lta, Source: Xstory
... envies et des pulsions. Personne ne peut rien faire contre ça. D’ailleurs, je me vautrerai allégrement dans ce rôle si je n’étais pas obligé d’être ici. Je travaille pour une nouvelle société de Webmastering. J’ai été engagé il y a quelques mois de cela par Monsieur Pikcel pour ce qui s’annonçait comme un boulot passionnant, moi qui ne me sens jamais aussi bien que derrière un écran avec pour unique compagnie mes lignes de codes. Ce que je n’avais pris en compte dans l’équation, c’est que puisque la société venait de naître, elle n’avait pas encore de clientèle à proprement parler. Il lui fallait se constituer un réseau solide si elle voulait que le cahier de commande gonfle. C’est pourquoi Monsieur Pikcel avait transformé ces quelques employés en commerciaux de terrain. Moi comme les autres, nous passions depuis quelques semaines plus de temps à aller frapper aux portes de potentiels futurs clients qu’à exercer notre vrai métier. C’est dans cette optique-là que j’ai été envoyé ici. Mon objectif de la journée : revenir avec au moins trois demandes de devis. J’ai de sérieux doutes quant à la propension des agriculteurs à vouloir une vitrine virtuelle, mais ce cher Monsieur Pikcel n’a rien voulu savoir. Il est certain que les petits paysans de province ont eux aussi envie de se mettre au goût du jour et de suivre la tendance. Lui non plus n’a pas encore compris que ces deux mondes se côtoient mais ne se mélangent pas. J’ai l’infime espoir, dans mon malheur, de ...
... réussir à m’épargner le hall consacré aux animaux de ferme. Durant les premières heures de mon fabuleux périple, je m’attache donc à tenter des approches auprès des divers éleveurs de chiens, producteurs de pommes et autres fromagers. Mais la quasi-totalité d’entre eux sont des représentants de grands groupes présents à l’échelle européenne qui n’ont nullement besoin qu’une petite entreprise inconnue s’occupe de leur présence numérique. Quant aux petits indépendants, soit ils se contentent de leur petite page Facebook, soit ils ne veulent même pas entendre parler des ordinateurs, ces suppôts de Satan envoyés sur Terre pour leur filer mal au crâne. Aux alentours de quatorze heures, au moment où je me laisse tomber sur un banc un peu à l’écart, j’ai plus que jamais envie de hurler. Je crève de chaud ; Je me fais ballotter comme un fétu de paille par les hordes de touristes écervelés depuis des heures ; Je n’ai rien d’autre dans l’estomac qu’un sandwich au saucisson ; rien d’autre dans mon carnet d’adresses que le numéro de téléphone d’une productrice de yaourts bio intéressée par l’e-commerce mais qui, je cite, ’’ne va sûrement pas baisser son froc pour un parigot qui va la ruiner pour vendre trois yaourts expédiés par la poste’’ ; et, pire que tout, je n’ai désormais plus d’autres choix que de m’infliger le spectacle de centaines de bestiaux abrutis par le bruit et la foule. L’idée du sex-shop ressurgit dans mon esprit et je dois déployer des trésors de volonté pour ne pas y ...