1. Le récit de Maricke


    Datte: 04/03/2020, Catégories: prost, hdomine, chantage, portrait, amourdram, tarifé, Auteur: Lionévitch, Source: Revebebe

    ... fille était, comme disait son frère, une salope et je ne pouvais pas croire ça de maman. Ma mère tourna la tête vers moi et m’aperçut. Je me sauvai en courant et vins me blottir dans le creux de notre lit avec mon livre et mon porte-bonheur.
    
    Peu de temps après, elle rentra avec des légumes en plus du pain, et aussi un morceau de lard. Je pleurais, couchée en travers du lit. Elle essaya de me réconforter, mais je la repoussai. J’étais fâchée contre elle plus que contre le vieux bouc, qui avait la réputation « d’aimer » les jeunes femmes. Elle avait, en quelques secondes, brisé l’image de sainte que je m’étais fait d’elle. Maman n’était pas parfaite comme je l’imaginais.
    
    Nous avons mangé presque à notre faim, pendant quelques jours, grâce à ce que je ne savais pas être un énorme sacrifice.
    
    Les semaines avançaient, la mère était de plus en plus sauvage. Elle ne m’emmenait plus avec elle chercher les provisions et je pensais qu’elle devait continuer avec le vieux satyre. Elle me racontera, bien plus tard, qu’elle s’en voulait beaucoup. Elle n’avait eu ni le courage de me mentir ni celui de tout me confier, elle avait trop honte. Elle ne pouvait pas faire autrement que d’accepter le marché du Dumont si elle voulait pouvoir continuer à nous nourrir même chichement tous les quatre. Le manège durait depuis plusieurs mois et elle avait essayé de ne revenir à la boutique lorsque « la Dumonte » était là. Il faisait alors son « défenseur de la justice » et ils refusaient de la ...
    ... servir. Il lui avait dit :
    
    — Madame Dumont est très pieuse et ne manquerait pour rien au monde les vêpres. Je reste à m’occuper de la boutique pendant ce temps-là ! Comprenne qui pourra !
    
    Elle était retournée passer des heures dans l’antichambre du directeur de la mine. Elle demandait, toujours sans réponse, le règlement du dossier de la pension de veuve qu’elle aurait dû toucher. Elle avait finalement été reçue par le chef comptable qui lui avait annoncé tout de go :
    
    — Mademoiselle, vous n’étiez pas mariée avec monsieur Aerssen, que je sache ! Vous n’avez donc droit à rien ! De plus, celui-ci était étranger, les droits des nationaux ne s’appliquent pas ! Mais je crois savoir que vous n’êtes pas démunie, vous avez une rente entre les jambes à ce qu’on m’en a rapporté !
    
    Elle savait aussi que tant qu’elle ne trouverait pas un autre travail, elle devrait souffrir les assauts du vieux, car le tri ne lui rapportait qu’à peine de quoi payer notre loyer. Elle repensa alors à un monsieur dont son époux lui avait souvent vanté les qualités de cœur, un des ingénieurs de la fosse Robard. Un matin, elle l’attendit à l’entrée du carreau et lorsqu’il parut, elle l’interpella timidement.
    
    Il l’écouta gentiment, puis l’arrêta et, en s’excusant, lui demanda de revenir le lendemain vers dix-huit heures à son bureau. Il aurait plus de temps et pourrait sans doute faire quelque chose pour elle. Elle était heureuse que ce monsieur l’ait écoutée et radieuse d’avoir obtenu une entrevue ...
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