Amnésie temporelle - Histoires de Sexe

Amnésie temporelle

... n’arrivais pas à définir. Votre apparence physique, votre intérieur, votre langue. Je viens de mettre des mots sur cette impression : je suis dans un musée.

Un musée ! Après délabré, la prochaine étape, ce sera sans doute le paléolithique. Elle, il, l’autre s’aperçut de mon air désastré.

— Je ne vous accable pas, s’excusa-t-il en posant une main sur ma cuisse à quelques centimètres de mes joyeuses qui, à cette seconde, ne l’étaient pas du tout.

Réflexe de recul que je ne pus réfréner malgré le souvenir du plaisir que cette main m’avait procuré. Mais merde, un mec qui me paluchait, même s’il était une gonzesse quelques minutes plus tôt, ça craignait. Soixante-douze ans que j’étais hétéro pur et dur, un peu tard pour changer, n’est-il pas ? Pourtant, je ne m’enfuis pas en courant. La principale raison, malgré mon scepticisme et mon cynisme naturel, quelque chose en moi disait qu’elle/il ne mentait pas. Aussi Jessop aurait pu être le frère jumeau de Jessica : même yeux noisette, mêmes cheveux, même sourire, même carnation de peau. J’avais abandonné la possibilité du canular. Peut-être avais-je aussi envie de rêver. Mais de là à virer ma cuti. Je tentai une diversion.

— Donc, si j’en crois vos propos, vous seriez un voyageur temporel !
— Je ne sais pas… Je crois que ce n’est pas possible.
— Quoi ?
— Les voyages dans le temps. Ça ne m’évoque rien. Peut-être que si nous refaisions l’amour, mon esprit s’ouvrirait.
— Avec un mec, ça jamais. Je ne suis pas p… ...

... gay.
— Qu’à cela ne tienne, si vous préférez, je vais me transmuter et redevenir Jessica.

Le jeune homme ferma les yeux, plaça les mains le long de son corps. Sa respiration s’apaisa, ralentit… Les secondes s’écoulèrent. Sous mes yeux ébahis, une lente transformation s’opéra : son anatomie se féminisait petit à petit… Avais-je abusé du Pouilly-Fumé ? Atomisé j’étais ! Les courbes qui m’avaient subjugué plus tôt renaissaient. Les lignes de sa silhouette s’adoucissaient, ses hanches s’arrondissaient, sa poitrine émergeait de son torse pour retrouver son modelé homologué 40B. Jessica me regardait, avec un sourire timide, mais triomphant.

— J’ai réussi ! Vous avez vu, j’ai repris le contrôle de mon corps.
— Mais… euh… euh… t’as… t’as fait comment ?, balbutiai-je.
— Je n’en ai aucune idée. Je l’ai voulu, c’est tout ! Rien de bien compliqué.

Rien de bien compliqué. Promis, Seigneur, je ne bois plus que de l’eau… bénite de surcroît.

— Si c’était si simple, tout le monde le ferait. Tu n’es pas si différente de moi.
— Notre corps n’est qu’une apparence. L’apparence de mon désir ou du vôtre en l’occurrence présente.
— Tu as un pouvoir spécial, continuai-je sans vraiment intégrer ce qu’ille disait.
— Je ne sais pas… Je ne me souviens pas… Mais ça me paraît naturel. Vous ne vouliez pas faire l’amour avec Jessop, avec un garçon bien que je pressente que vous en ayez envie, alors je suis redevenue Jessica qui est compatible sexuellement avec vos conceptions. Me désirez-vous ...