1. Amnésie temporelle


    Datte: 18/02/2020, Catégories: fh, hh, hplusag, fantastiqu, fantastiq, Auteur: Domi Dupon, Source: Revebebe

    ... ces exercices rythmiques.
    
    Aucun étranger ne s’aventurait sur ce chemin. J’aurais détesté qu’on apprenne que je m’adonnais, moi le respectable retraité de la fonction publique, à ces plaisirs onanistes en plein air.
    
    Un nouveau bruit se produisit, plus proche. Cette fois, je l’identifiai : on venait d’ouvrir le portillon que j’avais fabriqué à partir d’une tête de lit métallique et qui donnait accès à mon jardin. Un visiteur arrivait par le chemin de la montagne. Étrange ! Enfin, j’allais savoir rapidement à quel emmerdeur, j’avais affaire. Il allait déboucher à l’angle du mur du garage : probablement un touriste perdu.
    
    Drôle de touriste ! Un homme, une femme à cette distance, dans la pénombre naissante, sans mes lunettes, difficile à sexuer. J’ajustai mes lorgnons. Une femme incontestablement ! Jeune, pas très grande, mais aux proportions agréables, avec ce qu’il fallait où il fallait. Je devais encore planer. Pourtant, je n’avais pas fumé. J’étais hypnotisé par ses formes. Pour ma défense, elle était vêtue d’un justaucorps très, très juste, vert végétation, qui épousait son anatomie. Nerveusement, j’attachai la ceinture de mon peignoir pour protéger mon intimité.
    
    Délaissant à regret la contemplation de ces rotondités sculptées par la combinaison, je détaillai cette silhouette qui avançait vers la maison d’un pas incertain. Visage fin, encadré par de longs cheveux noirs. Soit elle ne s’était pas coiffée, soit sa chevelure avait connu quelques turbulences. Elle ...
    ... était maintenant assez proche pour que je puisse distinguer un nez retroussé, une poitrine marquée sans être des plus volumineuses, un ventre plat et un mont… Un mont que son vêtement s’insinuant entre ses lèvres dessinait de manière indécente. Je devais me reprendre. Détachant mon regard de ce lieu de perdition, je m’attardai sur ses cuisses et ses jambes musclées. Des muscles déliés de danseuse ou d’acrobate. Un beau petit lot qu’au temps de ma folle jeunesse, je n’aurais pas hésité à (ou du moins, à essayer de) mettre dans mon lit.
    
    Alors que l’inconnue arrivait dans ma zone de confort, je regardais de nouveau fixement l’objet de ma convoitise. Aussi sursautai-je quand elle m’adressa la parole. Je n’avais pas compris un mot de ce qu’elle avait baragouiné pas seulement parce qu’elle m’avait surpris, mais parce qu’elle s’était exprimée dans un charabia abscons.
    
    — Désolé, je n’ai rien compris, dis-je en mimant un geste en direction de mon oreille. Pouvez-vous répéter ?
    
    Elle émit encore quelques borborygmes avant d’énoncer dans un français parfait :
    
    — Je vous prie de m’excuser, je n’avais pas le bon logiciel.
    — Le bon logiciel.
    — Oui, le FOL.
    — Et qu’est le FOL* ?
    — Ce qui me permet de vous parler.
    
    Le bon logiciel. Le FOL ! La folle, c’était elle.
    
    — Ce qui vous permet de me parler ? Vous n’êtes pas française ?
    
    Pourtant son français était parfait, sans le moindre accent.
    
    — Je ne sais pas.
    
    De mieux en mieux !
    
    — Vous ne savez pas… D’où venez-vous ...
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